Bolivie: un volontaire-coopérant suisse témoigne


Jeudi 9 juin, 14h00: la situation en Bolivie empire, même si à Potosi la situation est plutôt tranquille. Chaque jour il y a des grèves et tous les accès à la ville sont coupés.
A La Paz et El Alto, la situation est plus alarmante, après presque 20 jours de blocus: Il n’y a plus d’essence, donc plus de circulation, les hôpitaux n’ont plus d’oxygène ni d’aliments, dans les prisons la tension monte et une grande partie des familles ne peut plus cuisiner par manque de gaz, ce qui est terrible à 4000 mètres d’altitude.
La situation politique s’est aggravée après la démission de Carlos Mesa, qui, malgré les fortes pressions des mouvements sociaux, a tenu sa promesse de ne pas utiliser la violence. On ne déplore aucune victime (ce qui est en soi incroyable et réjouissant!). En effet, constitutionnellement, son successeur serait Hernando Vaca Diez, président du Sénat. Celui-ci représente clairement les intérêts des grands entrepreneurs de l’Oriente qui défendent les intérêts autonomistes de la région de Santa Cruz où se trouvent les principales ressources en gaz.
Dans la rue, le peuple exige fermement que H. Vaca Diez renonce à assumer la présidence et que l’on convoque des élections anticipées. Il se met en marche vers Sucre où s’est réuni de manière extraordinaire le parlement afin de décider de la suite donner à la démission de Carlos Mesa. Vers 18h00 heures, Vaca Diez abandonne la session pour se réunir avec les représentants des partis traditionnels et des intérêts économiques de l’Oriente. On redoute une intervention des militaires, synonyme d’une escalade de violence. Le pays vit donc dans une totale incertitude.
22h30: Finalement et grâce à la pression populaire, la session parlementaire reprend à Sucre et nomme un nouveau Président, l’avocat Eduardo Rodríguez, président de la Cour suprême de justice qui devra au cours d’une période de transition de 5 à 6 mois, mettre en place de nouvelles élections. A minuit, il prête serment. Ce vendredi 10 juin s’annonce déjà très différent. On peut dès lors espérer que le pays se pacifie et retrouve peu à peu la normalité. Une leçon de démocratie, de politique, de sociologie, un processus qui ne va pas de soi dans un pays comme la Bolivie, soumis à des pressions extérieures et des intérêts très puissants. Mais quelle chance de vivre ces instants!

L’auteur est volontaire de l’association E-CHANGER à Potosi en Bolivie (article transmis par le service de presse d’E-CHANGER)

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