Heureux dénouement pour la journaliste de Libération Florence Aubenas,
dont on a pu découvrir la personnalité sympathique et attachante.
Préoccupante, en revanche, l’attitude des télévisions françaises dimanche
12 juin, le jour de son retour d’Irak et le lendemain de sa libération.
Exemple ces journaux télévisés de 20H qui – de TF1 à France 2 –
annonçaient une méga teuf animée par un DJ vedette, Place de la
République à Paris. Les radios – de RTL à France Inter – s’y mettaient
aussi pour encourager les auditeurs à faire la fête. Cette communion
« large et spontanée » du peuple français avait besoin d’être dopée par
les médias, pour en faire une manifestation réussie. Tels un journaliste
de TV Bucarest couvrant la venue d’Elena Ceausescu devant une assemblée,
les reporters en direct sur la Place se croyaient obligés de mettre une
surdose de «énormément de gens accourent» alors qu’à l’image on ne
voyait que quelques dizaines de personnes attroupées. Sans parler du
manque d’interrogation sur le fait que certains vont à ces concerts de
soutien pour le concert, plus que pour le soutien.
La proximité sociologique et professionnelle des rédactions avec
Florence Aubenas explique cela. Mais beaucoup de chauvinisme contribue
également à tant d’aveuglement journalistique… qui doit vous faire
souvent rire et pleurer depuis la Suisse! En matière de sport, les
médias français se comportent ainsi de façon permanente. Exemple la
communion dopée autour des Jeux Olympiques 2012 parisiens, lors de la
création d’un jour des « Champs olympiques » dimanche 5 juin. Autre
exemple actuellement, avec les Spurs de San Antonio, sur le point de
regagner le championnat de basket américain. Les présentateurs parlent
uniquement du Français Tony Parker, comme s’il s’agissait d’un sport
individuel (et alors que la star de l’équipe est l’Argentin Manu
Ginobili, ignorés par leurs journaux).
Les JT français de dimanche 12 juin ont uniquement traité le mono-sujet
du retour d’Aubenas, pratiquement, négligeant les élections du Liban ou
des bombes en Iran. Ce choix éditorial était d’autant moins excusable
qu’à l’inverse, « Libération » ne s’est pas laissé emporter outre mesure par
l’émotion. Dans son édition du lundi, ses 19 pages consacrées à un
événement qui le concernait directement étaient normales. Les camarades
de la journaliste ont plutôt bien couvert le reste de l’actualité,
contrairement à leurs confrères de l’audiovisuel.
L’auteur est journaliste indépendant, auteur de « Bévues de
presse », Montpellier/Paris
Aubenas méritait davantage qu’une méga teuf audiovisuelle
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