L’affaire du «bébé-mouette» me fait réagir.
Je ne comprends pas la réaction du monde de la culture en faveur d’un objet aussi abject. Cela au nom de la «liberté d’expression», alors qu’à mon avis, c’est l’affaire du « bébé-mouette » qui représente une atteinte à cette même liberté d’expression! L’utilisation après mutilation de cadavres d’enfant et d’animaux est plus que du mauvais goût. C’est un manque de respect de toute forme de vie. Je trouve tragique que les musées, les collectionneurs, le marché de l’art soutiennent et exploitent de telles démarches.
Il ne s’agit ici que de l’opinion d’un artiste mais je ne peux me taire. Je rejoins ici mon engagement tant pour la protection de l’être humain que celle des animaux – par le biais de la Fondation Visson, je soutiens activement la SVPA (Société vaudoise pour la protection des animaux). Si le monde de la culture ne réagit pas, il risque de se voir imposer une réaction au nom de la dignité de l’homme. Pour le moment, la censure émane bel et bien du monde de la culture.
Toute liberté comporte des responsabilités, même pour les artistes et les musées.
Philippe Visson est artiste-peintre à Montreux
Stade « trash » de la marchandisation
La réaction de Philippe Visson est compréhensible et je la salue comme digne et nécessaire. Personnellement, je m’en tiens en principe à l’idée de la liberté absolue de l’art, mais je suis d’avis que l’art contestable, inacceptable doit être contesté et refusé. Ce refus se donne à comprendre comme un anti-corps.
Les installations contestées – faut-il parler d’oeuvres? – soulèvent le dégoût, mais elles mettent surtout en évidence une profonde dégradation de la conscience des hommes de leur rapport à la nature. On se trouve probablement en face d’un stade « trash » de la marchandisation de toute chose.
Pour pour notre hygiène et pour échapper à la spirale négative, il faut peut-être lire et relire ici et maintenant Saint François d’Assise et y réfléchir à la lumière de ce qu’en disait récemment Albert Jaccard. Ces lectures procurent du bonheur à ceux qui s’y livrent et stimulent le respect de notre environnement !
Pierre Frey, historien de l’art, professeur. Lausanne