Un vrai dilemme pour Swiss Re, le dérèglement climatique. D’une part, le groupe zurichois se doit de ménager les gros clients des assureurs, des entreprises à l’origine des émanations polluantes de CO2. De l’autre, comme ses coreligionnaires de la réassurance, il subit de plein fouet les effets des cyclones. A elle seule, la facture de Katrina présentée à Swiss Re s’élève à 1,1 milliard de dollars!
Déterminé à sensibiliser les esprits, le réassureur alémanique s’est lancé dans une série d’actions. Au siège de Zurich, par exemple, une unité regroupant plusieurs scientifiques sous la direction de Gerry Lemcke planche depuis 2002, dans une certaine discrétion, sur une multitude de scénarii liés aux catastrophes naturelles.
Mais l’initiative la plus récente et aussi la plus spectaculaire, puisqu’elle fait songer à une production hollywoodienne, est un film, «The Great Warming» («Le Grand Réchauffement»), financé par Swiss Re. Déjà projeté dans plusieurs pays, notamment au Canada et aux Etats-Unis, il sera diffusé en novembre ou en décembre 2005 par la télévision alémanique. Une première en Suisse, ainsi que le confirme Nigel Baker, porte-parole de Swiss Re. «Depuis les inondations en Europe centrale et à La Nouvelle-Orléans, tout le monde veut voir le film».
Alanis et Keanu
Documentaire de 90 minutes, «Le Grand Réchauffement» a été réalisé dans 8 pays sur quatre continents. Des experts de renommée internationale, dont ceux rétribués par Swiss Re, ont participé au script. La chanteuse Alanis Morissette et l’acteur Keanu Reeves y prêtent leur voix, à en croire les explications divulguées sur le site www.swissre.com.
S’ils ne veulent pas préciser combien ils ont investi dans cette production, les responsables de Swiss Re n’en sont pas moins très clairs sur les objectifs du film. «Le changement climatique est un phénomène qui commence à avoir un impact majeur sur Swiss Re, ses partenaires et clients. La question n’est plus de savoir si le réchauffement aura lieu mais de quelle manière il affectera nos affaires et notre vie personnelle», souligne le PDG John Coomber.
Reste à visionner le film pour se rendre compte de la qualité et surtout de l’effet qu’il pourra exercer sur l’opinion publique. En attendant, on peut toujours se rendre sur le site internet précité et lire la présentation aux accents parfois apocalyptiques. Avec ce signal d’espoir toutefois: «Peu à peu notre monde change. Mais la bonne nouvelle est que nous pouvons réduire son impact. Partout, des millions de personnes s’en soucient, en particulier les jeunes. Et ils vont changer le monde».
Article paru dans “La Liberté” du 21 septembre 2005