Incroyable ce qu’ils sont tenaces, les réflexes colonialistes! Parlons de l’açai, ce fruit d’Amazonie fort prisé des populations autochtones pour ses vertus alimentaires et curatives – on dit qu’il soigne la diarrhée. Jusqu’ici, il satisfaisait les besoins locaux d’une région qui n’a pas la réputation de compter parmi les plus prospères au monde. Mais surtout il était encore préservé de la marchandisation de masse. Or voilà que l’açai franchit l’océan, nous apprend une émission de radio. Il sort de son statut de baie peu connue pour aborder les étals chiquets de certaines capitales étrangères. Débarquera-t-il bientôt sur les rayons déjà surchargés des supermarchés européens? On peut s’en inquiéter car rien ne serait plus dangereux pour les petits producteurs brésiliens que l’irruption sur leurs terres de grandes compagnies travaillant pour le compte de l’industrie alimentaire et pharmaceutique. Encourager la production locale est une chose, la pervertir en est une autre. Il ne faudrait pas que l’açai devienne une marchandise rare et chère au point qu’elle devienne inaccessible aux habitants de l’Amazone. Le comble serait que ceux-ci ne puissent plus se procurer leur fruit favori tout simplement parce que l’açai aurait été récupéré par un marketing boulimique au service de la société de consommation.
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