Ulrich et Burdet ont été condamnés, la forteresse de l’appareil judiciaire sort vainqueur.
Le symbole de la lutte pour une Justice plus juste a été mis à l’écart mais reste le malaise des citoyens qui doutent de la Justice. Tous les co-accusés ont reconnu la fausseté de leurs allégations et plus encore une personne est revenue sur sa rétractation. Cela est troublant. Cette personne n’a -t-elle pas écrit au président qu’elle avait retiré ses propos devant ce tribunal sous la pression d’une peine plus sévère si elle ne le faisait pas?
Cela fait un moment que je m’interroge sur les motivations de cet homme, Gerhard Ulrich, président d’Appel au peuple, qui a mis le feu à sa maison pour éviter que quelqu’un de malhonnête – aux yeux de ce combattant – n’en tire bénéfice.
Ayant eu des contacts personnels avec Ulrich et Burdet je n’ai aucune raison de mettre en question leur sincérité. Autant j’ai désapprouvé leurs méthodes, autant j’ai admiré leur courage et leur dévouement à une cause qui a commencé avec une blessure personnelle mais qui a vite dépassé le stade de l’amour-propre.
Une des demandes d’Ulrich a été depuis longtemps l’enregistrement des audiences aux tribunaux pour permettre la vérification des procès verbaux. Est-ce déraisonnable? Alors qu’il est pratiqué couramment ailleurs, les juges
de Lausanne n’en veulent pas.
Personne ne conteste l’existence d’irrégularités dans le système judiciaire mais, comme chez les médecins, les confrères constatent et ne parlent pas. Celui qui l’ose jouerait son avenir professionnel. Même chez les retraités, la solidarité avec la corporation est plus forte que l’envie de parler, tant pis pour les victimes de demain.
Pourquoi le système judiciaire permet-il que le propriétaire d’une maison à Grandvaux doive dépenser CHF 100’000, sans parler des heures investies et du stress subi, pour faire valoir son droit, la coupe d’une vulgaire haie? Tandis que les
responsables de cette situation scandaleuse, un voisin qui tient à l’anonymat et tout l’appareil judiciaire restent indemnes?
Le problème ne vient pas des juges ou des avocats malhonnêtes ou incompétents, le danger, le vrai, vient de ceux qui regardent et laissent faire. Une petite minorité est coupable mais tous ceux qui se taisent sont responsables. La victoire de l’appareil judiciaire contre Appel au peuple n’est donc pas forcément une bénédiction.
Gerhard Ulrich et Marc-Etienne Burdet: maladroits peut-être (poussés par leur désespoir), excessifs certainement, mais des héros quand même pour le courage de leurs convictions, qui fait tellement défaut à ceux qui regardent et laissent faire.