Bois tropicaux: un Suisse bien placé


La deuxième fois sera-t-elle la bonne? En 1999, le candidat helvétique, le Fribourgeois Claude Heimo, était battu sur le fil par le Brésilien Manuel Sobral. La direction du comité exécutif de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) échappait à la Suisse, pourtant l’un des principaux bailleurs de fonds de l’organisation basée à Yokohama au Japon. Dans le cadre de la coopération économique au développement du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), la Suisse contribue chaque année à hauteur de 2 millions de francs aux projets de coopération de l’OIBT pour promouvoir la production durable de bois tropicaux.

Proche de Bruno Manser

Cette fois les espoirs de Berne reposent sur… un Bernois, le coopérant Jürgen Blaser, 52 ans, un forestier qui a roulé sa bosse sur tous les continents, y compris pour le compte de la Banque mondiale pendant quelques années. L’an dernier, il coupait les rubans d’un parc national au cœur de Bornéo, concrétisant le rêve de son ami Bruno Manser, l’intraitable défenseur des Penans, dont les conditions de la disparition restent à ce jour obscures et pour le moins suspectes.
Alors que le double mandat de Manuel Sobral parvient à son terme, les pays membres de l’OIBT affrontent la dernière ligne droite dans le choix des candidats. Au début mars 2007, selon toute vraisemblance, ne s’affronteront plus que trois personnes, un Camerounais, un Indonésien et Jürgen Blaser, justement. Soit deux représentants des pays producteurs et un des pays consommateurs. «Jusqu’à ce jour, seuls des candidats des pays producteurs se sont succédés à la tête de cette institution, ce qui renforce l’enjeu de la candidature de Jürgen Blaser», observe Claude Heimo.

Contre la déforestation

Une autre échéance tombera en mai prochain à Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais il est peu probable que la décision définitive intervienne avant novembre 2007 au Japon, estiment les observateurs. La lutte sera donc rude.

De fait, la Suisse n’a jamais eu autant de chances d’accéder à ce poste clé de l’OIBT. Car Jürgen Blaser est une personnalité connue comme le loup blanc dans les grandes réunions internationales qui agitent les experts forestiers depuis Rio en 1992. En 2002, le Bernois a présidé pendant une année le conseil de cette organisation créée sous les auspices des Nations Unies en 1986, époque où le sort des forêts tropicales commençait à susciter des inquiétudes. Une vocation complexe, celle de l’OIBT, dans la mesure où il incombe à cette dernière de jouer au gendarme contre la déforestation et les opérations forestières illégales tout en arbitrant les intérêts commerciaux des pays producteurs pour qui le bois constitue une des principales ressources.

Nul doute que pour appuyer son candidat, la Suisse déploiera des trésors de lobbying dans les instances onusiennes. Et l’on peut compter sur un double front constitué des Affaires étrangères et du seco pour mettre le paquet. «C’est un job à plusieurs facettes dans la mesure où il comporte des enjeux à la fois commerciaux, sociaux et environnementaux. En outre le bois tropical a un rôle climatique important et la Suisse a été le premier pays à soutenir un projet de captation du CO2 par les forêts au sein de l’OIBT, commente Hans-Peter Egler au seco.

Un candidat très qualifié

«Avec Jürgen Blaser, la Suisse dispose d’un candidat très qualifié comme il y a 8 ans», ajoute le chef du secteur de la coopération commerciale au développement qui parraine la candidature helvétique. «M. Blaser a de l’expérience. Lors de son année de présidence au conseil de l’OIBT, il a montré qu’il possédait le sens de la gestion. Je pense qu’il peut obtenir à la fois le soutien des pays producteurs comme celui des pays consommateurs.»

Article paru dans “La Liberté” du 7 février 2007

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