Les élections en France, c’est un peu comme la Coupe du monde de football. Au départ, le bon peuple se réjouit beaucoup. Il échafaude toutes sortes de scénarios, vibre aux exploits des petites équipes, spécule sur un outsider. Mais au bout du compte le rêve laisse la place à la désillusion. En finale se retrouvent deux éléphants dont la platitude des barissements ne le dispute qu’à leur opportunisme.
Sur le plateau télévisé, le soir du dernier face à face, on aurait bien aimé avoir un personnage qui s’engage sur des enjeux essentiels tels que le climat, la consommation d’énergie et de pétrole, l’agriculture biologique, l’urbanisme, le logement, les transports. On aurait préféré aussi deux arbitres véritables à la place de mannequins de cire ankylosés par des années, que dis-je, des siècles d’ânonnements devant le petit écran.
Nicolas Sarkozy élu, puissent les Français ne pas regretter d’avoir choisi un cheval de Troie. Depuis de Gaulle, Marianne n’a eu de cesse de s’affirmer comme un rempart culturel contre le rouleau compresseur américain. Elle érigeait en valeur nationale la qualité de ses récoltes, celle de ses troupeaux. Il lui faudra désormais avaler de nouvelles couleuvres importées des Etats-Unis. A commencer par les aliments modifiés génétiquement. Tant il est vrai que Sarkozy ne s’est jamais engagé en faveur d’un moratoire sur les OGM.
Editorial paru dans « La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne » du 11 au 18 mai 2007