La confusion des genres se pratique depuis l’Antiquité. Néron se prenait pour un poète et Rubens faisait de la diplomatie. Plus près de nous, Reagan quitta les planches pour embrasser le Capitole et rien ne dit qu’une présidente de la Confédération ne deviendra pas un jour carillonneuse.
Avec l’irruption des moyens de communication de masse, la propension au dédoublement des rôles dépasse tout entendement. Aujourd’hui n’importe qui donne son avis sur tout. Des micro-trottoir commentent le pic pétrolier. Quand tel gratuit ne promeut pas un chanteur de rap à la rédaction en chef, c’est au tour d’un avocat de commenter l’actualité du jour.
Les dernières “victimes” de cette mode sont les politiciens suisses. L’approche des élections fédérales les décomplexe tellement qu’ils culbutent toutes les valeurs du passé, remettant en question leurs alliances traditionnelles.
Ainsi voit-on les radicaux tendre la main aux socialistes et bouder les libéraux acoquinés aux Verts comme si certains partis semblaient céder à une panique irraisonnée face à l’évolution de la société. L’été en hiver, l’automne au printemps: les changements climatiques n’ont décidément pas fini de bouleverser la planète.
Article paru dans La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne No6, 26 au 31 mai 2007