« Le climat est pris très au sérieux» au Secrétariat d’Etat à l’économie

PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Les mesures relatives à la politique climatique de la Suisse ne se décident pas qu’à l’Office fédéral de l’environnement. Le problème est par essence global, et plusieurs offices de l’administration s’en préoccupent, chacun dans son domaine de compétence. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) est l’un d’eux. Dans le cadre de la coopération économique au développement, le seco déclare disposer d’une expérience étendue, du fait de son travail sur le terrain avec les pays en développement.

Hans-Peter Egler, vous dirigez le secteur de la coopération pour le commerce et la technologie environnementale au seco. Depuis quand le seco s’intéresse-t-il à la mise en œuvre de projets de développement pour lutter contre le changement climatique?

Hans-Peter Egler: Dès 1997, le seco a développé, conjointement avec la Banque mondiale, un programme pour renforcer les capacités des pays en développement à formuler leur propre stratégie contre les changements climatiques et être ainsi en mesure de pouvoir mieux négocier dans le cadre du Protocole de Kyoto. Grâce à ce soutien, les pays partenaires du seco étaient en mesure d’identifier les secteurs les plus importants pour la protection du climat et d’identifier des projets d’investissements.

Quels sont les autres services de l’administration fédérales avec lesquels vous collaborez dans le dossier climatique?

Déjà en 1997, au sein du seco, a été établi un programme de coordination, le «Swiss Activities Implemented Jointly Pilot Programme» (swapp), à savoir un organe de coordination entre le seco, l’Office fédéral de l’environnement, celui de l’énergie, et le Département des affaires étrangères. Cet organe avait pour but de récolter les expériences acquises au sein de l’administration et au-delà, relatives à la formulation et la mise en œuvre de projets contre les changements climatiques. Une équipe multidisciplinaire bien organisée avec des responsabilités clairement définies.

Peut-on parler d’un centre de compétence climatique en Suisse?

Oui, on peut tout à fait parler d’un centre de compétence qui, au-delà de l’administration, englobe aussi le secteur privé, tels que les fournisseurs de technologies, les centres de recherches et les experts.

Face à l’ampleur du problème, ne conviendrait-il pas de regrouper véritablement les forces en un seul organisme?

Au contraire, on n’assiste pas à une dispersion des tâches. Il est évident que l’apport des différents services de l’Administration constitue un processus plus efficace et professionnel que lorsqu’un seul organisme met en avant son projet avec ses visions particulières. Outre le secteur privé, la fondation Centime climatique, mandatée par la Confédération, a également son rôle à jouer. Elle investit cent millions par an dans les projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Suisse prend donc la question du changement climatique très au sérieux.

Comment travaillez-vous, quels sont les projets concrets soutenus?

Depuis la mise en œuvre de Kyoto en janvier 2005, le seco se concentre sur une mission qui est d’aider des pays sélectionnés à mettre en application le protocole. Le seco s’appuie sur les conditions cadres nationales et internationales pour l’utilisation du «Clean Development Mechanism (CDM)». De plus, il finance des projets de production, de transmission et d’utilisation efficace de l’énergie. En 2004, le seco, l’Office fédéral de l’environnement, la Direction du développement et de la coopération et l’Office fédéral de l’énergie ont créé une plate-forme interdépartementale pour la promotion des énergies renouvelables, la REPIC. Depuis 1998, la Suisse est aussi très active dans le dossier de la protection des forêts. Elle est l’un des premiers contributeurs de l’Organisation internationale des bois tropicaux. («La Liberté» du 9 août 2007).

Plusieurs services de l’administration fédérale élaborent un rapport sur la question climatique, qui pourrait être bientôt remis aux Chambres. Peut-on encore attendre quelque chose du régime post-Kyoto?

Selon l’Agence internationale de l’énergie, les émissions de CO2 vont plus que doubler d’ici à 2030 du fait de l’industrialisation des pays en développement. Ainsi, le défi principal pour la protection du climat sera d’intégrer, dans le régime post-Kyoto, les pays en développement dynamiques comme la Chine, l’Inde, le Brésil, la Colombie, le Pérou, l’Egypte. La Suisse ne peut résoudre ce problème global à l’aide des seules mesures nationales. Une coopération internationale est nécessaire. Pour chaque franc investi dans ces pays, on peut envisager une réduction de 5 à 10 fois plus élevée des émissions de gaz à effet de serre qu’en Suisse. Pour cette raison, il est important d’utiliser, dans la mesure du possible, les mécanismes flexibles du Protocole de Kyoto.

Interview parue dans « La Liberté » du 25 août 2007

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