Les cours du pétrole atteignent des records et, comme lors de chaque crise énergétique, les esprits s’échauffent. Jusqu’où montera le prix de l’essence à la colonne? Les journaux reviennent tout le temps avec le même refrain, sans apporter la moindre solution. Et comment le pourraient-ils, puisque le monde de l’or noir est le moins transparent qui soit.
Question: alors que les voitures propulsées à l’électricité ou à l’hydrogène étonnent par leurs performances, pourquoi les fabricants automobiles accordent-ils encore la priorité au vieux moteur à explosion? Parce qu’ils sont les otages des “majors” du pétrole? Autre question: pourquoi l’ONU ne promeut-elle pas l’énergie “propre”? Parce que les gouvernements tirent une grande partie de leurs revenus des taxes sur l’essence?
L’imbrication des intérêts est telle que l’on ne voit pas pourquoi les pétroliers ne pousseraient pas le bouchon encore plus loin. Pourtant l’utilisateur aurait les moyens d’inverser la tendance. Mais il lui faut d’abord s’affranchir des gestes conditionnés de la consommation. Cesser de considérer la voiture autrement que comme un objet utilitaire. Le jour où il se comportera en véritable adulte, les pétroliers et leurs séides seront bien forcés de composer avec lui. Et le civisme l’emportera enfin sur le cynisme.
*Editorial paru dans la Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne, No 28, 16 au 22 novembre 2007