Un rêve s’est brisé à Davos, celui de réconcilier deux mondes.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
En 2001, un pont avait été jeté entre le sud et le nord, entre Porto Alegre et la station alpine. Mais les vieux réflexes de fermeture ont repris le dessus. Ecoeurée par le dispositif policier mis en place pour la contrer, la société civile ne jette même plus des boules de neige contre le bunker du Forum économique mondial, accusé de la mener en bateau. Les altermondialistes ne sont pas les seuls à bouder Davos. Le président français, en personne, prétexte un déplacement en Inde pour décliner l’invitation. Une fois n’est pas coutume, Nicolas Sarkozy semble agir comme son prédécesseur, Jacques Chirac. Ce dernier n’a jamais fait mystère de l’antipathie que lui inspirait la très atlantiste foire aux cartes de visite grisonne.
Une manifestation dont l’organisation tombe, cette année, en pleine bourrasque financière, et dont on peut douter qu’elle parviendra à imaginer des remèdes aux maux qui agitent la planète. Encore moins à les anticiper. Bénéficiant de la complaisance de nombreux médias, les organisateurs du Forum économique mondial sont de parfaits illusionnistes. Ils ont fait de Davos une entreprise très rentable, bâtie sur le bluff. En 2007, qui fut capable, à Davos, de prévoir la montée de l’or, la crise des prêts hypothécaires à risque, le krach boursier?
Editorial paru dans la « Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne », No 36, du 25 au 31 janvier