Seule une croissance zéro nous sauvera du chaos


D’aujourd’hui à 2030-2040, la population de la planète augmentera de 2 milliards d’individus, atteignant alors environ 8,5 milliards, 9 milliards si l’Afrique réussit son décollage. Et ceci en l’absence de toute pandémie! L’augmentation de l’approvisionnement alimentaire correspondant aura nécessité l’utilisation de nouvelles terres arables, au dépens des forêts, malheureusement.

Dans ce sens, la FAO recommande l’élevage de volailles par rapport à celui, dispendieux, des bovins grands consommateurs de céréales. Déjà aujourd’hui, tant en Occident qu’en Asie, des élevages mammouths de poulets s’édifient avec chacun un demi à un million d’animaux.

Dans le même temps, véritable défi mais fait nouveau, on sait combien sont grandes les surfaces arables réquisitionnées pour produire des biocarburants. Par ailleurs, une pénurie en uranium et en pétrole est prévue pour les années 2075-2100. C’est une raison supplémentaire pour envisager le remplacement des énergies fossiles et fissiles par l’énergie durable, éolienne et voltaïque.

De tels événements et une évolution démographique devenus incontrôlables ont encouragé plusieurs auteurs à s’exprimer sur le mythe de la croissance, la notion de décroissance, voire la croissance zéro. Robert Thomas Malthus (1766-1834) avait déjà tiré la sonnette d’alarme à la fin du XVIIIe siècle. “La poussée démographique met en péril la survie du monde”.

Pour stabiliser la population mondiale, deux enfants par couple seraient souhaitables. C’est ce qu’a réalisé avec succès l’Iran: entre 1987 et 2006, la taille des familles est tombée dans ce pays de sept enfants à moins de trois. Le professeur Jacques Grinewald, interviewé par “La Revue durable” en juin 2006, cite Georgescu-Roegen. Il le décrit comme dissident de l’Occident et visionnaire de la décroissance.

Serge Latouche, dans son “Le Pari de la décroissance” (Fayard, 2006), n’envisage une décroissance que dans une société de décroissance, c’est-à-dire dans le cadre d’un système reposant sur une autre logique. Or, dit-il, toute proposition nouvelle est bloquée par le totalitarisme de l’économie.

Dans son ouvrage “Pour un autre monde” (Fayard, 2006), Josef Stiglitz, prix Nobel d’économie, analyse les déraillements de l’économie et fustige le fanatisme du marché. Il a pu le constater comme ancien dirigeant de la Banque mondiale! Pascal Canfin, dans “Libération” du 8 octobre 2007, écrit: “Nous sommes toxico-dépendants de la croissance et de la société de consommation”.

Les résolutions prises au Grenelle de l’environnement, à Paris puis à Bali, risquent fort probablement et à court terme d’améliorer l’état de la biosphère, c’est-à-dire l’ensemble des écosystèmes de la planète comprenant tous les êtres vivants et leur milieu. Les gens sensés admettent que la planète vit au-dessus de ses moyens. A moyen et à long terme, dans 40 à 50 ans, nos descendants constateront combien il aurait été sage et nécessaire de modifier sérieusement nos mentalités, nos habitudes, nos comportements du début du XXIe siècle.

Dès à présent, prenons nos responsabilités, seule une croissance zéro nous sauvera du chaos. Il ne fait pas de doute que ces considérations et théories, hardies et lucides pour un petit nombre de nos concitoyens, sembleront extravagantes et inimaginables pour la majorité des autres.

*Article paru dans www.journaldegeneve.ch

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