Les émeutes sanglantes de Lhassa s’inscrivent dans une logique médiatique. Quelle plus belle tribune que les jeux olympiques? Mais Pékin pliera-t-il pour autant? En 1936 déjà, des mouvements avaient appelé à bouder les JO de Berlin. Ils avaient échoué et les persécutions nazies continuèrent de plus belle, couvertes par les clameurs d’une foule aveugle.
On peut d’ailleurs se demander si les événements au Tibet ne servent pas finalement les intérêts du gouvernement chinois, dans la mesure o`u ils déplacent l’attention générale sur un événement contrôlable. Quelle fédération sportive aura le courage de se retirer des compétition en invoquant le non-respect des droits de l’homme?
Beaucoup plus gênant pour Pékin serait, en revanche, l’appel à un boycott économique. La Chine se voit offrir la domination commerciale mondiale sur un plateau d’argent. Ses produits sont fabriqués sur le dos d’une main-d’oeuvre sous-payée mais aucun gouvernement ne s’en offusque. Ni l’Organisation mondiale du commerce. Personne n’invoque la concurrence déloyale quand des bateaux chargés à ras bord de textiles chinois débarquent clandestinement dans un port de la Méditerranée.
“Les capitalistes sont si bêtes qu’ils nous vendraient la corde pour les pendre”, aurait dit Lénine. Près d’un siècle plus tard, les mots du révolutionnaire russe restent d’une actualité brûlante.
*Editorial paru sur www.journaldegeneve.ch