A la tragédie que constitue la mort de milliers de personnes lors du tremblement de terre qui a dévasté le sud-ouest de la Chine, s’ajoute un drame insidieux parce que moins mesurable à l’oeil nu. En effet, deux usines chimiques se sont effondrées, menaçant la région d’une pollution de plus ou moins grande dimension. Alors que des commentateurs s’extasient devant la promptitude des renforts militaires dépêchés de Pékin, y voyant un signe d’ouverture de la part du régime, on aimerait bien obtenir davantage d’informations sur les conséquences du déversement dans la nature de 80 tonnes d’ammoniaque. La conspiration du silence observée en 2005, après l’explosion d’une usine pétrochimique dans le nord du pays, n’a pas laissé le meilleur des souvenirs. Un fleuve avait été gravement pollué au benzène.
Gardons-nous toutefois de jeter l’opprobre sur les seuls lieux où sévit un gouvernement autoritaire. En matière d’atteintes à l’environnement, bien malin qui oserait donner la leçon, à part, peut-être, certaines démocraties scandinaves. Il y a quelques jours, le Petit-Flon, un cours d’eau qui traverse Lausanne, a été touché par une fuite toxique provenant d’une usine de produits laitiers. Tous les poissons sont morts et il faudra plusieurs années pour régénérer la rivière. Croyez-vous que la presse locale en a fait ses gros titres? Pas une ligne. La santé de la population intéresse manifestement beaucoup moins que la prospérité des sponsors de l’Euro de football.