Aux Etats-Unis, Jorge Resende aurait eu peut-être gain de cause.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Mais l’on est en Suisse et l’informaticien qui a découvert des fichiers pédophiles sur l’ordinateur d’un cadre de son entreprise ne réintègrera pas son poste après avoir été licencié. Il continuera à donner mauvaise conscience à sa direction en faisant la grève de la faim devant les fenêtres du siège de la radio romande.
Un expert mandaté par le conseil d’administration lui donne pourtant indirectement raison. L’employé visé par la dénonciation devra partir. Et le grand chef de la radio doit se tenir à carreau. Mais Resende a eu le tort de salir son nid. Il n’aurait pas dû.
D’autres l’ont appris à leurs dépens avant lui. Meili, l’employé de l’UBS qui empêcha les dossiers des fonds en déshérence de passer à la cheminée, et Chandiramani, l’analyste du Crédit Suisse qui donna un préavis négatif sur l’action Swissair avant le crash, ont payé cher leur “insolence”. On les a virés séance tenante. Plusieurs années après les faits, ils ne se sont pas remis de la sanction infligée par leur entreprise.
Jusqu’à l’affaire Enron, la situation n’était pas très différente outre-Atlantique. Les “whistleblowers” y étaient mal vus. Puis on s’est rendu compte que les lanceurs d’alerte rendaient un fier service au système en l’empêchant de déraper. La loi protège ces justiciers, désormais. A quand des filets de sécurité pour les gorges profondes suisses?