Vieilles centrales et sécurité nucléaire


Les vignerons et les habitants des coteaux de Tricastin en ont assez des accidents à répétition qui affectent depuis quelques mois la centrale nucléaire du même nom, même si ces derniers sont toujours classés péremptoirement comme des incidents de niveau un. Lundi 8 septembre, pour changer des fuites diverses, c’étaient deux barres de combustible de la centrale numéro deux qui restaient accrochées au couvercle lors d’une opération de recharge, comme de vulgaires poireaux collés au couvercle d’une marmite à vapeur! Niveau un ou pas, les ingénieurs d’EDF ont tout bloqué pour analyser la situation, car un coinçage de ce genre est plutôt rare, le seul précédent s’étant produit il y a un peu plus de dix ans sur un réacteurs à Nogent-sur-Seine (Aube).

«L’accident de manutention de combustible est un accident grave. C’est logique car les éléments combustibles sont des déchets de haute activité, dont la dose létale à un mètre est atteinte en moins d’une minute. Si on les casse, c’est vraiment le merdier dans le bâtiment réacteur», précise Mycle Schneider, auteur d’un rapport sur la sûreté nucléaire, en 2007, pour le compte des députés Verts européens. On retient alors son souffle pour que ces deux barres ne se détachent pas du couvercle de manière aussi imprévue qu’elles s’y sont accrochées, car leur chute incontrôlée pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le coeur du réacteur, dont l’âge respectable d’une trentaine d’années ne manque pas de susciter des interrogations.

Sans être alarmiste, le responsable énergie de Greenpeace-France, Frédéric Marillier, s’inquiète de la pression que l’ouverture des marchés à mis sur les exploitants. «Les sous-traitances se multiplient, les opérations de manutention se font dans des temps plus courts que ceux prévus avant, et, en plus de ça, le parc nucléaire français vieillit: la moyenne d’âge des centrales est d’environ 21 ans», souligne-t-il.

En Suisse où trois de nos centrales ont aussi une trentaine d’années, les exploitants aimeraient bien jouer les prolongations, mais la sécurité a un coût qui rend le prix du kWh nucléaire de moins en moins compétitif, et cela devrait faciliter le choix entre investir dans un parc nucléaire vieillissant ou dans les énergies renouvelables de l’avenir.

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