Monopoly nucléaire


En juillet 2007 le groupe français Areva annonçait avoir pris le contrôle de la société minière UraMin qui exploite des gisements uranifères en Afrique du Sud, en Namibie et en République centrafricaine. Une acquisition qui devait «diversifier plus encore ses sources de production pour sécuriser la fourniture d’uranium à ses clients sur le long terme.»

Une année plus tard, le président Sarkozy, en visite en Chine, annonçait la vente de deux réacteurs EPR pour 8 milliard d’euros dans le cadres d’un accord de type “Nespresso”, c’est à dire assorti de la vente du combustible nécessaire au fonctionnement du matériel vendu. Mais ce qui est bon pour le café ne l’est pas nécessairement pour l’uranium, et en achetant un équipement français, c’est la Chine qui pourrait bien avoir fait la bonne affaire en s’ouvrant ainsi un accès vers les mines sud-africaines.

Troisième acte le 7 octobre 2008: la patronne du groupe Areva Anne Lauvergeon annonce la vente de 49% de sa filiale minière UraMin à son partenaire chinois CGNPC, opération qui lui permettra de dégager des moyens supplémentaires pour financer le développement de ses activités. Oui, mais si Areva garde 51% d’UraMin d’un côté, elle cède de l’autre une majorité de 55% dans une nouvelle société qu’elle crée avec CGNPC, qui sera en charge de l’ingénierie et des achats des réacteurs de deuxième et troisième générations (CPR 1000 et EPR). Une société qui sera «d’abord consacrée aux projets de CGNPC en Chine, mais pourra ensuite contribuer à des projets conjoints à l’étranger», précise Areva.

Le problème des déchets nucléaires n’échappe pas non plus à ce Monopoly planétaire.

Si les 770 tonnes de déchets radioactifs qui empoisonnent depuis trente ans les coteaux de Tricastin ne sont toujours pas nettoyés, Areva Federal Services a par contre signé un contrat de 7,1 milliards de dollars avec le gouvernement des Etats-Unis pour assainir 206 000 m3 de déchets fortement radioactifs stockés à Hanford qui menacent la rivière Columbia. Ce centre d’Hanford, dont l’existence a longtemps été tenue secrète, a participé au projet Manhattan, autrement dit à la conception de la première bombe atomique.

Et à Tchernobyl c’est un consortium français Bouygues-Vinci qui va construire pour 432 millions d’euros une gigantesque structure destinée à recouvrir l’ancien sarcophage construit à la va-vite autour du réacteur numéro 4 de la centrale qui avait explosé le 26 avril 1986.

Simples contrats arrachés à la concurrence locale ou prix à payer pour placer des réacteurs dits de troisième générations qui n’ont, et de loin, pas encore fait leurs preuves ?

La réponse se trouve peut-être dans le livre que Madame Lauvergeon vient de sortir chez Plon sous le titre “La troisième révolution énergétique“. Le Figaro qui en cite quelques bonnes feuilles dans son édition du 9 octobre 2008 ne le dit pas, mais il nous apprend qu’Anne Atomic ne rêve pas de couvrir le globe de réacteurs: «Pour certains États très pauvres et dépourvus d’infrastructure technologique, le nucléaire n’est pas une option raisonnable».

Heureux peuples qui auront peut-être la chance d’éviter cette voie de garage et qui pourraient aborder le vingt-et-unième siècle avec le solaire, la seule énergie qui subsistera en définitive et qui, de surcroît, est presque gratuite .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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