Comme des gamins qui auraient fait de très grosses bêtises, les responsables du krach de 2008 se tiennent à carreau.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Pas question, en ce début d’année 2009, de risquer des impairs. Première consigne: se frapper la poitrine en signe de contrition. «Nous avons commis des erreurs», reconnaît ainsi l’UBS dans une lettre adressée à sa clientèle en décembre.
Deuxième instruction: faire une croix sur le passé. «Les événements qui s’achèvent ont été choquants et décevants… Il nous reste encore beaucoup à faire et nous devrons surmonter quelques difficultés… Nous restons néanmoins persuadés qu’UBS sortira grandie de cette crise financière», poursuivent les dirigeants de la banque, cette fois dans une missive destinée aux collaborateurs retraités.
Troisième mot d’ordre: rassurer. «Nous avons pris dès le départ toutes les dispositions qui s’imposaient pour protéger la banque. Nous avons réagi rapidement dès que la situation s’est aggravée.» L’UBS oublie en passant de dire l’essentiel, à savoir qu’elle a été sauvée de la faillite par les fonds de l’Etat. L’essentiel n’est-il pas de commencer la nouvelle année dans un esprit positif? On efface tout et on recommence, à l’image de la bourse qui a déjà donné le ton hier en s’affichant en nette hausse. «Pour savoir de quel bois l’année boursière se chauffera, j’observe toujours la tendance des trois premières séances de l’année, commente tel conseiller en investissements.
La méthode Coué a aussi ses adeptes dans les couloirs de l’administration fédérale. Dans son discours du Nouvel-An, le président de la Confédération a appelé ainsi les Confédérés à garder la tête haute dans l’adversité: «Ayez des idées!» Relayant Hans-Rudolf Merz, la presse parvient à titrer sur «ces Suisses qui gagnent». Des banquiers, des petits patrons qui ne veulent pas se laisser abattre. Tout à fait dans la ligne des vœux de l’UBS qui souhaite à ses clients et retraités d’avoir «dans les 365 prochains jours force, confiance et une bonne dose d’humour pour accepter et surmonter les petits et grands soucis du quotidien».
Oui, il faut savoir «apprécier les petites choses de la vie, affronter avec courage les tracas du quotidien», poursuit l’UBS. Laquelle conclut, magnanime: «Si des difficultés devaient se présenter, nous vous souhaitons de pouvoir compter sur l’appui de vos proches.» L’humour, la solidarité familiale et le sourire en tant que nouvelles vertus palliatives…
Les dizaines d’entreprises qui ont introduit le chômage partiel apprécieront ces recommandations à leur juste valeur. Quant à celles qui se tâtent encore pour savoir à quelle sauce elles apprêteront leurs employés, il leur reste à demander à leur personnel d’appliquer un autre précepte du président de la Confédération: «souriez!» La crise dans la bonne humeur, même Churchill n’avait pas osé y penser.
« La Liberté » du 6 janvier 2009