Les Bernois ne sont pas disposés à laisser le fleuron de leurs journaux se faire manger tout cru par l’ogre zurichois, qu’on se le dise! Réunis sous la banière «Rettet-den-Bund» («Sauvez le Bund»), 10 000 lecteurs du quotidien bernois ont déjà signé une pétition demandant que tout soit entrepris pour empêcher la mort de leur journal préféré.
«Le quotidien «Der Bund» est une part de Berne. Créé il y a 160 ans, il entretient la vie politique, économique, culturelle et sociale du canton. Cette institution est pourtant sérieusement menacée», lit-on sur le site http://rettet-den-bund.ch. Si rien n’est entrepris, en mars 2009 le couperet pourrait tomber, condamnant le journal à cesser de paraître dans sa forme actuelle. En effet, tout porte à croire que le groupe zurichois Tamedia mettra à exécution son plan de fusion des titres «Der Bund» et «Berner Zeitung». Un nouveau monopole de presse serait ainsi créé au détriment de la qualité de l’information, ajoutent en substance les membres d’un comité dans lequel figurent des parlementaires fédéraux, des personnalités de la finance, des académiciens et des artistes.
«Le nombre de personnes qui soutient l’action est extraordinaire», commente Simonetta Sommaruga, l’un des fers de lance du comité. Pour la conseillère aux Etats bernoise, il est clair que le canton doit continuer à disposer d’un «journal fort et de qualité, assurant la pluralité des opinions dans l’intérêt bien compris de la démocratie. Berne est un centre politique de la Suisse. Il est important de donner ce signal à Zurich où se trouve le siège du groupe Tamedia.»
La lente agonie du «Bund» commence en 2004, quand le journal passe d’abord sous le contrôle du groupe Espace Media, propriétaire de la «Berner Zeitung». En 2007, il tombe dans les rets de Tamedia. En décembre 2008, ce dernier a annoncé qu’il étudiait deux concepts. L’un prévoit une coopération rédactionnelle avec le «Tages-Anzeiger» de Zurich. L’autre une fusion avec la «Berner Zeitung». Une décision est attendue en mars 2009. Dans les deux cas, le «Bund» perdra son autonomie. Tamedia a aussi précisé que les suppressions de postes seraient inévitables.
«La disparition programmée du «Bund» s’inscrit dans la bataille décisive que Tamedia livre en Suisse alémanique pour imposer son modèle. La prochaine cible est Bâle et son journal», commente, désabusé, un vieux briscard du circuit médiatique, auquel des personnalités bernoises font écho.
«Le «Bund» fait partie de ma vie depuis des décennies», proclame l’ancien patron des CFF Benedikt Weibel. «Le «Bund» appartient à Berne», surenchérit le musicien Kuno Lauener. Tous semblent déterminés à participer à d’autres actions de soutien, pour l’heure encore secrètes. L’argent étant le nerf de la guerre, des dons peuvent être versés.