Sous le titre « Le vide et le bluff », le soussigné a publié ce commentaire dans « La Liberté » du 27 janvier… 2003. Il le fait figurer également dans son livre « Le krach mondial – Chronique d’une débâcle annoncée – Et après? », paru aux Editions de l’Hèbe (www.lhebe.ch), 2009. Enlevez la troisième phrase du premier paragraphe, remplacez Lula par le fils Kadhafi et Swiss par l’UBS. Regardez le résultat. Six ans après, quoi de nouveau sous le soleil?
La montagne a accouché d’une souris. Plutôt que d’affaiblir l’impact de Porto Alegre en se rendant à Davos et y prononcer un beau discours, Lula aurait été mieux inspiré de montrer chez lui, sur le terrain, comment il entend lutter contre la faim. Quant à l’initiative de la Suisse de proposer ses bons offices entre les Etats-Unis et l’Irak, elle est louable mais il serait fort étonnant qu’elle suffise à convaincre Bush de faire marche arrière. Sans le vouloir, Lula et Calmy-Rey ont rendu un fier service au professeur Schwab, le mentor de Davos. Ils lui ont offert sur un plateau d’argent un événement digne de servir de pâture aux médias dans un environnement intellectuel étonnamment stérile, cette année. De quoi ont discuté les «décideurs» mondiaux réunis à Davos? Ont-ils seulement émis la moindre proposition visant à inculquer la confiance à un système fortement ébranlé par les scandales, ces derniers mois?
Le forum est fidèle à lui-même en ce sens que rien de concret n’y a été décidé. Davos a surtout failli à sa mission première qui est de servir le monde de l’économie. Moins que jamais, les industriels, les patrons de PME qui choisissent de ne pas se rendre à Davos n’auront eu à regretter leur décision. Et Klaus Schwab peut se faire du souci pour les éditions futures car les Suisses, les Davosiens, en premier lieu, ne vont pas accepter de débourser longtemps des millions de francs pour assurer la sécurité d’une manifestation qui ne dispose d’aucune légitimité démocratique alors qu’elle est financée en partie par des fonds publics et ne leur apporte en plus que soucis et frustrations. Ce ne sont pas les parents des écoliers de Davos qui ont dû mettre leur progéniture à l’abri, loin de Davos, voire loin des Grisons, qui nous démentiront.
Davos est un bluff monumental, il serait temps qu’on l’admette en haut lieu. Il serait temps que ses participants s’occupent des choses essentielles, qu’ils anticipent un prochain grounding de Swiss ou militent en faveur de sanctions contre les propriétaires des pétroliers qui souillent les côtes européennes, par exemple.