Alinghi n’a pas porté chance au label romand*


Il est décidément déjà bien loin le temps où la Suisse entière, des lampions de la banque aux micros de la télévision, ne jurait que par Alinghi. Pendant plusieurs années, l’UBS a financé les équipées maritimes d’Ernesto Bertarelli avant de faire machine arrière. Puis ce fut au tour des collectivités publiques de mettre la main au porte-monnaie.
Fin 2005, les chefs de l’Economie publique des cantons de Suisse romande se rendent joyeusement à Fribourg pour présenter à la presse le projet «Gate West Switzerland», un logo censé symboliser les atouts de la Suisse romande. Michel Pittet, l’ancien directeur de l’Economie fribourgeoise, accueille ses pairs en grande pompe à l’Hôtel de Ville de Fribourg. Jacqueline Maurer, l’ancienne présidente de la Conférence des chefs de département de l’économie publique des cantons de Suisse occidentale, vante la dernière trouvaille des «vendeurs» de l’image romande: un partenariat avec l’équipe d’Alinghi à l’occasion de la Coupe de l’America. Elle souligne tout le bonheur et la chance que les cantons romands ont de pouvoir s’associer à une telle opération de marketing «planétaire». Merci, Genève!
Fribourg au ralenti
Las, l’illusion d’une communauté de destins entre Alinghi et les cantons romands ne résiste pas à l’épreuve des mois. L’euphorie est encore au rendez-vous en mai 2006 quand une délégation genevoise et vaudoise se rend à Valence pour encourager l’équipage helvétique lors d’une régate de la Coupe Louis Vuitton, organisée dans le cadre de la Coupe de l’America. Le champagne coule également à flot une année plus tard, lors du triomphe final d’Alinghi. Puis, en novembre 2007, c’est le flop. Ou plutôt la prise de conscience de l’échec.
Aujourd’hui, trois ans après le début de l’expérience, les offices concernés confirment la mort de la marque Gate West Switzerland. Mais sans pétard et à l’écart des feux de la rampe, cette fois. «Nous nous sommes aperçus que l’identification ne fonctionnait pas. La marque n’a pas eu l’impact international attendu», reconnaît Jean-Charles Magnin, directeur des Affaires économiques genevoises.
«Le nom, «Gate West Switzerland», posait problème car il était trop long», ose encore le chef de la promotion économique fribourgeoise, Thierry Mauron. Lequel relativise la participation de son canton au projet. «Fribourg n’était pas directement partie prenante. Les enjeux financiers étaient assez importants, le canton a refusé de s’engager davantage.»
En 2010
Difficile à ce stade de savoir à combien s’est élevé l’investissement des cantons dans ce four. Thierry Mauron parle de «centaines de milliers de francs», Jean-Charles Magnin de «quelques dizaines de milliers». A l’époque toutefois, les responsables politiques étaient plus clairs, ils devisaient à 2 millions de francs le coût de l’opération. A lui seul, le canton de Vaud annonçait une participation de 200 000 francs, répartie sur deux ans.
L’idée d’un emblème romand est-elle pour autant complètement abandonnée? Tant Thierry Mauron que Jean-Charles Magnin répondent par la négative. «Nous avons été déçus mais nous tirons les leçons de l’expérience Gate West. Depuis une année, de manière extrêmement intensive, les cantons romands et Berne étudient une nouvelle structure économique régionale qui sera opérationnelle à compter du 1er janvier 2010. Le nouveau nom n’a pas encore été décidé», explique le second.
Un modèle sportif sera-il le nouveau porte-étendard de l’économie romande? Non, répond M. Magnin, repris en écho par Frédéric Rouyard, délégué à la communication du Département de l’économie du canton de Vaud. «Le travail avance dans le sens d’une promotion économique commune.»
*Article paru dans “La Liberté” du 25 mars 2009

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