Le deuxième pilier est encore souvent compris comme une « prestation sociale » aussi pour sa partie de prestations vieillesse. Il a été généralement « vendu» comme tel au grand public. En réalité, les contributions hors prime de risque (décès et invalidité) sont un salaire différé, placé dans une épargne forcée et soustrait au contrôle de l’assuré.
Dans ce régime dit de la primauté des contributions vivent la grande majorité des salariés. Aucune rente ni capital final ne leur sont garantis. Au contraire, le système transfère les risques de l’inflation et du rendement financier aux seuls assurés.
Dans ces conditions, l’obligation de s’assurer ne devrait plus avoir de raison d’être. Comme celle de 2000 – 2002, l’implosion des bourses que nous avons connue en 2008 et ces derniers mois a causé de fortes baisses du rendement des placements et diminutions du capital financier du deuxième pilier. Ces pertes récurrentes ont mis à jour les dysfonctionnements du système. A fin 2008, 60 % des institutions se retrouvaient en sous-couverture. Face à l’inquiétude et à la méfiance du public, les autorités et prestataires font preuve d’une communication plus claire quant aux risques et aléas du deuxième pilier. Mais une réelle réforme se fait toujours attendre.
Les capitaux de prévoyance suralimentent les marchés financiers par une chasse au rendement au détriment de l’économie réelle. Ils constituent aussi une prébende aux industries et bureaucraties en charge de leur gestion. La concentration des fortunes privées s’ajoute à celle des fortunes de prévoyance pour augmenter cette pression sur les rendements et alimenter le «capitalisme de casino». Tandis que les 300 résidents les plus riches de Suisse cumulaient une fortune de 540 milliards en 2008, la fortune du deuxième pilier se montait à 590 milliards…
La situation actuelle du deuxième pilier montre que l’affiliation obligatoire a produit les mêmes effets pervers que ceux observés dans le système de la santé, entraînant une absence de réelle concurrence. Il en résulte, là aussi, des hausses de primes et une baisse des prestations ou rentes futures, mais avec un impact bien plus négatif sur la confiance, l’économie et la cohésion sociale. La redistribution des revenus du bas vers le haut se dédouble de celle des jeunes vers les aînés, accentuant le cercle vicieux de la dénatalité.
Si l’AVS n’échappe pas aux effets de la démographie, son but de solidarité et la garantie d’une rente de minimum vital justifient son caractère obligatoire. Son financement reste assuré en raison du large soutien dont elle jouit. En revanche, le salarié devrait avoir le droit de renoncer à la couverture du deuxième pilier, si celui-ci ne donne pas satisfaction ou ne correspond pas à ses choix de vie. Un deuxième pilier facultatif et flexible stimulerait l’économie et la responsabilité individuelle, donc la liberté citoyenne, mais aussi la natalité.
Stimuler la natalité!! Rien que cet argument souligne la faiblesse de l’argumentation.
Faible