Relance à contre-sens


La crise économique que nous traversons n’est certes pas la première de l’histoire du
capitalisme, ni n’en sera la dernière, le capitalisme fonctionnant à la crise pour se
réformer (en faisant payer sa réforme par la société). Mais c’est la première qui se produit sur fond d’une autre crise, plus profonde, plus grave, plus durable, qui ne remet pas en cause un type d’économie, mais la survie même de l’espèce: la crise écologique. Or les politiques «anticycliques» de relance menacent d’aggraver encore cette crise écologique, en relançant la consommation de biens dont la production et l’usage consument des ressources non-renouvelables, et dégradent profondément l’environnement.

Certes, en ce moment, le capitalisme décroît. Par la crise. Mais cette décroissance est fugace, et tout est entrepris pour y mettre fin, alors que tout devrait être entrepris pour la maîtriser, l’utiliser et la conjuguer à des politiques de progrès social permettant l’amélioration des conditions de vie, actuellement insupportables, de la moitié de la population de la planète, au prix, tout relatif, d’une réduction des gaspillages commis par une toute petite minorité de l’autre moitié.

Le terme des calculs économiques est court: il est donné par l’attente d’un «retour sur investissement» le plus rapide possible. Le terme des calculs politiques n’est pas plus long: en démocratie, il est donné par les échéances électorales (et hors d’un système démocratique, par la nécessité du renouvellement des équipes dirigeantes avant leur totale sénescence).

Mais le terme des exigences écologiques est tout autre: pour réparer les dégâts commis dans ces trente dernières années à l’écosystème, il faudra des siècles. Si on y arrive. C’est-à-dire si les décisions politiques et économiques qui permettent cette réparation sont prises: réduction de la production et de la consommation, réduction du temps de travail, réduction de l’écart des richesses, des revenus et des fortunes. Or ce sont les décisions inverses qui sont prises pour «relancer» la «machine économique»: travailler plus, pour gagner plus, pour pouvoir consommer plus et gaspiller plus longtemps…

* http://pascal-holenweg.blogspot.com

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