Des explications, M. Merz!


La «cavalerie» allemande et les Indiens du «réduit» suisse ont enterré la hache de guerre.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Mais quelles concessions helvétiques cachent les volutes du calumet échangé à Berlin entre Peer Steinbrück et Hans-Rudolf Merz? En l’absence d’explications claires, la population suisse est réduite aux conjectures.

Trompettes des deux bords du Rhin célébrez l’entente retrouvée entre les peuples de l’OCDE! Saluez le retour au bercail des moutons noirs de l’évasion fiscale, cette Suisse, cette Autriche et ce Luxembourg qui ont espéré vainement pouvoir échapper aux crocs de leurs puissants voisins. Des bastions de la gestion de fortune dont on se demande cependant ce qu’ils ont sacrifié pour figurer sur la liste blanche des paradis fiscaux.

Hans-Rudolf Merz passera-t-il à l’histoire comme l’homme qui a donné le coup de grâce au secret bancaire ou plutôt comme le ministre qui a pris les Suisses pour des sujets du roi Ubu? Depuis quelques semaines, la Suisse multiplie les accords de double imposition fiscale, sept à ce jour, en comptant celui conclu avec l’Allemagne. Washington et Paris étant déjà dans le lot, le pardon accordé à Berne signifie-t-il que la Suisse fait davantage que se conformer aux standards de l’OCDE, l’échange d’informations dans des cas précis et motivés?

Le silence de M. Merz tient-il au malaise que créerait la révélation des conditions réelles de la reddition dans un pays qui, sondage après sondage, montre son attachement au secret bancaire? La Suisse, affirment des sources qui ont lu l’accord signé avec Paris, n’aura plus besoin de preuves pour communiquer des renseignements à l’Etat requérant. Le seul soupçon que le comportement en cause pourrait constituer une fraude fiscale ou une infraction équivalente suffira à justifier l’entraide administrative.

Le secret bancaire est mort, affirmait, la semaine dernière, le ministre français du Budget. Il le serait pour beaucoup moins que cela, est-on tenté de dire après le «traité» de Berlin. Car pour la Suisse, c’est aussi une image qui tombe. Et si M. Merz veut nous affirmer le contraire, eh bien, qu’il nous le prouve tout de suite noir sur blanc.

“La Liberté” du 24 juin 2009

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