Malaise


En annonçant qu’UBS ne paiera pas une grosse amende aux Etats-Unis, la presse zurichoise joue à la porte-parole officielle mais elle ne répond pas à une question fondamentale.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Quelles conséquences entraînera pour le secret bancaire l’obligation de livrer les noms de 5000 clients soupçonnés de fraude fiscale? Les intéressés auront-ils la possibilité de faire recours en vertu du droit suisse? En s’engageant sur ce terrain sablonneux, les négociateurs font peser une lourde hypothèque sur la place financière helvétique.

Ce flottement s’ajoute à un malaise que ne parvient pas à dissimuler le sourire béat de Mme Calmy-Rey aux côtés de Mme Clinton. S’il est vrai, comme l’affirme cette dernière, que l’accord obtenu à Washington l’a été grâce aux efforts des deux gouvernements, américain et suisse, qu’attend Berne pour exiger un siège au conseil d’administration d’UBS?

Le déplacement de la ministre helvétique aux Etats-Unis intervient après les visites dans ce même pays de plusieurs conseillers fédéraux. Jamais, dans l’histoire, une entreprise privée helvétique n’aura autant absorbé l’emploi du temps de membres du gouvernement, signe que le sort de la banque suisse est devenu un enjeu national. Au vu du sacrifice financier imposé au contribuable pour renflouer UBS, une participation de la Confédération aux décisions de l’institut s’impose.

Elle se justifie d’autant plus que, profitant de l’embellie boursière, nombre d’acteurs de la finance retrouvent leurs tics d’antan. Certains, à l’instar du PDG de Credit Suisse, font mieux qu’arrondir leurs fins de mois grâce à de juteuses opérations menées sur un territoire privilégié, celui des titres détenus par les cadres de la société. D’autres, c’est le cas d’UBS, continuent à verser des bonus au prétexte qu’il faut dissuader les meilleurs éléments de quitter la banque.

La question d’une représentation de l’Etat au conseil de la banque ne peut plus être laissée à la seule appréciation du président d’UBS, un Kaspar Villiger qui a renvoyé jusqu’ici à leurs plates-bandes les parlementaires un tant soit peu critiques. A la veille de la publication par UBS de résultats semestriels que tous les analystes prévoient dans le rouge, l’heure n’est pas encore venue, pour UBS, de rembourser les prêts qui lui ont été accordés. Mais il lui faudra bien, un jour, rendre des comptes.

Commentaire paru dans “La Liberté” du 4 août 2009

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