Le nucléaire trébuche en Afrique du Sud et aux USA


Jusqu’au dernier moment, Areva aura tenté de sauver ses projets de 10 centrales nucléaires en Afrique du Sud, notamment en garantissant 85% du coût de la première centrale par des agences de crédit à l’exportation (financées par les contribuables).

PAR PHILIPPE DE ROUGEMONT

Malgré ces offres et sans parler de celles probablement faites sous la table, la somme des intérêts à rembourser a refroidi le ministère de l’industrie et le fournisseur étatique d’électricité Eskom. Les coalitions syndicales COSATU et NUM, piliers du gouvernement ANC, se sont prononcés contre les projets Areva, pour des raisons d’environ-
nement et d’économie.

Selon Makoma Lekalakala de l’association Earthlife, interrogée pour cet article, Eskom ne présentera pas de nouveau projet de centrale nucléaire. «Reste à l’économie privée de venir avec un projet» conclut-elle avec ironie. Avec 71 milliards de dollars de fonds privés investis mondialement dans les renouvelables (2007) et aucun dans le nucléaire, il n’y a pas de risque de ce côté-là.

Echec d’Ameren au Missouri

Pour financer la construction d’une nouvelle centrale nucléaire, une première depuis 25 ans, le fournisseur d’énergie Ameren comptait sur une contribution prélevée sur les factures d’électricité. Contre toute attente, ce prélèvement a été refusé par le parlement du Missouri après une campagne conjointe d’une association de contribuables en colère et des écologistes. Au niveau fédéral, Michael Mariotte, directeur de l’association NIRS (anti-nucléaires étasuniens), rappelle que des prêts garantis par l’Etat en faveur du nucléaire n’ont pas été annoncés par l’administration Obama: «si ces garanties ne viennent pas, il n’y aura pas ou très peu de financement pour de nouvelles centrales, les investisseurs privés ne prendront pas ce risque.»

Même analyse chez Peer de Rijk, de Wise-Amsterdam (Service mondial d’information sur l’énergie): «selon nos données, il est économiquement impossible de construire une centrale nucléaire sans des
subsides d’Etat.» En période de récession, ceux-ci ont intérêt à placer leurs fonds dans des industries plus intensives en emplois qu’en capitaux. L’Afrique du Sud et le Missouri l’ont compris. A quand le réveil des autorités suisses?

www.sortirdunucleaire.ch, juin 2009

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