Il ne faudra pas être Crésus pour passer sous les fourches Caudines de Washington.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
La condition des clients américains d’UBS n’est pas enviable et, pour la banque, cette situation n’a rien de glorieux mais le hasard fait bien les choses. Car dans sa grande poisse, UBS a la grande chance de bénéficier de la simultanéité de deux annonces qui se neutralisent, l’une triste, l’autre joyeuse.
Il se trouve en effet que par la plus heureuse des coïncidences, les sombres précisions de Berne concernant l’annexe à l’accord avec les Etats-Unis interviennent le jour même de la publication par UBS de prévisions de bénéfice absolument délirantes: 15 milliards à l’horizon 2014, voire 2012! Avant cinq ans, nous promet la pythie UBS, les pertes subies au cours des derniers 12 mois seront complètement effacées.
Comment? On ne le sait pas encore mais peu importe. L’heure est à la méthode Coué dans le monde de la finance et l’optimisme de la banque n’a pas de limites. Les retraits d’argent qu’elle a enregistrés au cours des derniers mois ne la découragent pas. Au contraire, elle promet une croissance de 5% des entrées de fonds dans la gestion de fortune.
L’anticipation d’un tel retournement de tendance a de quoi étonner. Et l’on se dit que pour afficher un tel aplomb, les dirigeants d’UBS doivent disposer d’informations de première main. Rêvons avec eux: les capitaux libyens reviendraient-ils en Suisse par la grande porte? Barack Obama récompenserait-il un sponsor de sa campagne électorale? La Chine ferait-elle de la banque helvétique son cheval de Troie en Europe?
Pur fantasme, bien sûr, mais une chose est néanmoins observable. En Asie, UBS jouit toujours d’une solide réputation. A Singapour particulièrement, les employés de l’établissement aux trois clés ne sentiraient pas la crise. Un paradis fiscal remplaçant l’autre, les fonds affluent d’Europe, selon le mécanisme des vases communicants.
Pour que le scénario du miracle soit parfait, il ne faudrait pas, bien sûr, que le fonds d’Etat singapourien, qui contrôle UBS, ait la mauvaise idée de comparer les salaires. Les revenus en Suisse étant sensiblement supérieurs à ceux en Asie, ce propriétaire pourrait être tenté de délocaliser une partie du personnel suisse. En commençant, pourquoi pas, par le PDG. Herr Grübel, bitte, Chinesisch lernen!