Vent d’espoir dans le couloir de la mort, en Arizona


Jamais l’espoir n’a été aussi grand dans l’audacieuse croisade que le journaliste lausannois Jacques Secretan mène depuis plusieurs années dans l’espoir d’aider deux condamnés à mort aux Etats-Unis.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

A Phoenix la semaine dernière, un «hearing» – une audience requise par la Cour d’appel de San Francisco – devant le juge federal Broomsfield, a très clairement tourné à l’avantage de Debra Milke, 45 ans, une Américaine d’origine allemande qui croupit dans le couloir de la mort depuis près de vingt ans.

Jacques Secretan se déclare convaincu de son innocence comme de celle de Robert Garza, un jeune Texan condamné en 2003 sur la base d’aveux manifestement extorqués. Née à Berlin en 1964, Debra Milke a, quant à elle, été condamnée à mort en 1991 après avoir été jugée coupable d’avoir fait tuer son fils unique, âgé de quatre ans.

Le journaliste vaudois a mené sa propre enquête qui l’a conduit à plusieurs reprises dans l’Arizona avec le soutien de Vie en Jeu, une petite association qu’il préside, fondée pour aider les condamnés susceptibles de démontrer leur innocence. «Dans les deux cas, il y a eu violation de droits constitutionnels, en l’occurrence poursuite d’un interrogatoire de police après que la personne arrêtée avait demandé un avocat», explique-t-il.

Joints aux efforts de la mère de Debra Milke, les témoignages présentés par les avocats de la condamnée ont été suffisamment probants pour aboutir à un «hearing» dont la presse locale et nationale a faits ses gros titres. Debra Milke s’y est présentée en uniforme orange de condamnée. «Elle était enchaînée à la taille et aux pieds mais assise entre ses avocats Lori Voepel et Mike Kimerer», raconte Jacques Secretan. «Au moment où elle s’est revue sur l’écran avec dix-neuf ans de moins, au cours d’une interview que réalisa en 1991 l’un des témoins, un journaliste, elle a éclaté en sanglots et son avocate a pu lui mettre le bras sur l’épaule. Elle n’avait plus connu une telle sensation depuis le verdict de peine capitale prononcé par la juge Cheryl Hendrix le 17 janvier 1991; mis à part, peut-être une fois ou l’autre, un geste de consolation de la part d’une gardienne ou d’un gardien de la prison».

Selon Jacques Secretan, le représentant du procureur général, Kent Cattani, qui a une grand-mère bernoise, pourrait envisager d’abandonner les charges contre Debra Milke: «Je lui ai demandé s’il s’était déjà trouvé dans la situation de renoncer à poursuivre… «C’est très rare, mais c’est arrivé», m’a-t-il repondu.»

Un abandon des charges contre Debra Milke aboutirait à sa remise en liberté immédiate. «Il n’est pas exclu que M. Cattani prenne la décision dans les prochains jours», avance Jacques Secretan, dont le combat a été relayé à plusieurs reprises dans «La Liberté» et feu «La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne».
A noter que le journaliste a investi une partie de ses économies dans la réalisation d’un film tourné en collaboration avec le réalisateur Jean-François Amiguet. Grâce à l’appui financier de la ville de Genève, le film sera achevé prochainement.

“La Liberté”, 20 janvier 2010

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