UBS: on ne rigole plus avec le code!*


Le 11 janvier 2010, Oswald Grübel, président de la direction générale d’UBS, prend prétexte des vœux du Nouvel-An pour adresser à ses collaborateurs une communication interne leur signifiant qu’UBS s’est dotée d’un nouveau «Code de conduite professionnelle et de déontologie».

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Le document cosigné par Kaspar Villiger, comporte 11 pages dans lesquelles le mot «réputation » revient souvent, comme dans les dix commandements édictés par le concurrent Credit Suisse en juin 2008. Attention, on ne rigole plus: « UBS attend que tous ses collaborateurs et membres du Conseil d’administration suivent le Code sans réserve aucune, aussi bien à l’esprit qu’à la lettre ». Tout contrevenant s’expose à « des procédures disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement ».

A n’en point douter les déboires des dernières années ont laissé des traces dans la gouvernance d’entreprise d’UBS. Désormais la consigne est de se tenir à carreau. Pas question, bien sûr, de recourir à des pratiques commerciales déloyales. Ni d’aider au blanchiment d’argent. L’honnêteté est la première qualité requise d’un banquier, mais il n’est pas toujours inutile de rappeler ce sain précepte millénaire.

Epoque oblige, un chapitre fiscal figure en bonne place dans ce code éthique. UBS, lit-on, « respecte toutes les lois et réglementations en vigueur concernant les relevés et rapports fiscaux et ne fournit aucune assistance à des clients par des actes leur permettant de se soustraire à leurs obligations fiscales. » Voilà qui rejoint une certaine actualité venue d’Allemagne ! Et devrait désinhiber les consciences des employés vu que leurs supérieurs les invitent carrément « à communiquer rapidement toute inquiétude, tout éventuel manquement aux normes éthiques ou toute faute commise par d’autres collaborateurs, consultants, clients ou prestataires tiers de services». Autrement dit à se transformer en whistleblowers, des lanceurs d’alerte, si vous préférez.

Publié sur le site www.ubs.com, le code éthique ne dit pas si la Finma, l’autorité de surveillance, est pour quelque chose dans la genèse. Tobias Lux, porte-parole de la Finma: «Ce code éthique est une affaire interne et une initiative de la banque. Il n’y a donc pas d’intervention régulatrice». Au service de communication d’UBS, Sabine Jaenecke remonte pour sa part au mois d’août 2009. Une «agence externe» a été alors mandatée par la banque pour l’ «aider à suivre une nouvelle direction» en identifiant des valeurs susceptibles de s’imposer comme une référence pour les collaborateurs.

Le nouveau code est-il susceptible d’éviter de nouvelles dérives? Directeur de la fondation ethos à Genève, Dominique Bidermann juge positive la référence au respect des lois et autres régulations. Mais il trouve le contenu maigrelet au chapitre de la formation des employés, ce qui est une lacune de la part d’une banque du calibre d’UBS.

Dernière question: le code a-t-il été signé par tous les collaborateurs d’UBS dans le monde? Oui, répond Mme Jaenecke. «Les collaborateurs doivent confirmer bonne réception et compréhension du texte qu’ils ont reçu en version papier. C’est une première. En mai, ils devraient participer à une formation en ligne sur le thème du code de conduite et déontologie et réussir un test». Le retour à l’école, en somme. Quelle révolution!

“La Liberté”, 4 février 2010

Tags: , , , , ,

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.