Pauvre UBS. Ses dirigeants ont beau la peigner, la poudrer, elle reste une grande malade aux soins intensifs. Le pronostic est réservé. Le retour dans les chiffres noirs au dernier trimestre 2009 s’est fait au prix d’une saignée. UBS a perdu 16% de ses effectifs l’an dernier. Le régime minceur n’est pas terminé.
Triste situation pour celle qui osait disputer à Goldman Sachs son statut de première banque d’affaires aux Etats-Unis. Aujourd’hui il n’y a pas photo, deux chiffres disent toute la différence. Le premier est le bénéfice net de la banque américaine sur l’ensemble de l’année 2009: 12 milliards de dollars. Goldman Sachs affiche une santé insolente. Le deuxième, la perte d’UBS durant la même période: 2,8 milliards de francs.
UBS ne sera jamais la reine de Wall Street. Elle peut faire une croix sur ses rêves de grandeur. La meilleure des hypothèses, dans son cas, est un redimensionnement lui permettant de consolider son fonds de commerce, la gestion de fortune.
Un petit espoir vient du frémissement constaté dans la banque d’affaires. Le secteur responsable du marasme émerge timidement de la nappe de brouillard, il pourrait intéresser un prédateur. Mais le temps ne joue pas forcément en faveur d’UBS. Des gestionnaires compétents la quittent et l’établissement ne parvient pas à endiguer les retraits de capitaux.
Ces facteurs accentuent la crise de confiance qui se traduit aussi dans le cours boursier d’UBS: une chute de 30% au cours des cinq derniers mois. La pente est raide et le souffle des sauveteurs durement mis à l’épreuve au fur et à mesure que s’accentuent les pressions sur le secret bancaire. Pour ces techniciens de l’impossible, la tentation est grande de lâcher le boulet en criant très fort: «UBS, les carottes sont cuites!»
*Commentaire paru dans « La Liberté » du 10 février 2010