Tel-Aviv “oublié” par l’économie suisse

Porte-parole de l’OSEC, Patrick Djizmedjian est tout ouïe. Le journaliste lui expose le problème. En tant que fer de lance de la promotion du commerce extérieur helvétique, l’OSEC reçoit beaucoup d’argent de la Confédération. Donc il a une responsabilité publique. Or sur le site www.osec.ch, il y a une erreur susceptible de mettre l’organisme en porte-à-faux par rapport au droit international. En effet, au chapitre présentant Israël, l’unique capitale est Jérusalem. Une ville qui n’est pas reconnue comme telle par la communauté internationale.

En 1995 déjà

En 1995, le député évangélique Otto Zwygart avait bien tenté d’orienter les événements dans une direction opposée mais il avait échoué. Dans un postulat, ce conseiller national bernois «priait» carrément le Conseil fédéral d’envisager le transfert «immédiat» de l’ambassade de Suisse de Tel-Aviv à Jérusalem.

Zwygart argumentait de la manière suivante: depuis 1949, l’ambassade de Suisse en Israël se trouve à Tel-Aviv pour des raisons pragmatiques. Mais les conditions ont changé et les Etats-Unis envisagent sérieusement de transférer leur mission à Jérusalem. «L’heure est venue d’adopter une position sans équivoque quant au siège de notre ambassade en Israël.» Le Conseil fédéral répondait alors à Otto Zwygart qu’un transfert de l’ambassade de Suisse à Jérusalem (ouest) signifierait indirectement «une reconnaissance de l’annexion illicite» de la partie orientale de Jérusalem et ne pouvait, en conséquence, «pas entrer en question».

Dans sa prise de position, le Conseil fédéral se référait à une proclamation de l’Assemblée générale des Nations Unies, lancée avant même la fondation de l’Etat d’Israël. Datant de 1947, ce manifeste accordait la garantie internationale au partage de Jérusalem entre Juifs et Arabes. Mais en 1980, entérinant une occupation de fait depuis la guerre des Six Jours (1967), le Parlement israélien décrétait Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël.

Décision rapide

Au siège de l’OSEC, le porte-parole Patrick Djizmedjian réfléchit à toute vitesse. «Nous ne faisons pas de politique», dit-il d’abord. Avant d’ajouter: «Il n’y a pas de problème, nous allons changer cela.» Moins de 24 heures plus tard, Jésusalem n’était plus seule sur le site www.osec.ch. Depuis, la capitale d’Israël est aussi Tel-Aviv, une cité fort animée, au demeurant. Surnommée «la ville qui ne dort jamais, Tel-Aviv n’est-elle pas la plus grande métropole d’Israël, son centre économique et financier?

A peine moins rapide, un autre bastion du commerce helvétique, le seco, fera la même correction. Sur le site www.seco.admin.ch, Jérusalem était jusque-là l’unique capitale d’Israël, avec cette précision en plus, par rapport à l’OSEC: Jérusalem n’est «pas reconnu par la communauté internationale». Une mention intéressante mais nullement suffisante si l’on se réfère à la pratique de référence. Dans la partie qui concerne Israël, www.eda.admin.ch, le site du Département des affaires étrangères, indique bien deux villes en face du mot capitale: Jérusalem et Tel-Aviv.

Pépinière des négociateurs helvétiques, le seco a mis quelques heures de plus que l’OSEC pour adapter l’inscription de la capitale mais il l’a fait. Au bout de quelques échanges de courriels avec sa porte-parole Rita Baldegger, le seco finissait par se mettre au diapason, non sans remercier son interlocuteur pour l’avoir remis sur le droit chemin. Aujourd’hui, Tel-Aviv figure désormais à côté de Jérusalem sur le site www.seco.admin.ch. L’économie d’exportation suisse ne contrevient plus au droit international. On respire.

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