Touche pas à mon salaire!
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Les banquiers suisses n’aiment pas que le commun des mortels se mêle de leurs rémunérations. Ils l’ont fait savoir avant l’assemblée générale d’UBS et les actionnaires leur ont donné raison. L’issue du vote a été identique au grand raout de Credit Suisse, le 30 avril 2010. Les directions des banques cantonales lémaniques, elles, sont carrément passées entre les gouttes.
Peu probable toutefois que la situation puisse perdurer de la sorte. Bien sûr, M. Dougan, le PDG de Credit Suisse, jouit apparemment de l’estime et de la confiance des propriétaires de la banque au logo ailé. Credit Suisse a aussi ses casseroles mais celles-ci n’ont pas empêché le capitaine de conduire le paquebot à travers la tempête sans subir de naufrage et surtout sans réclamer l’obole de l’Etat.
Reste que l’évolution du cours du titre Credit Suisse n’est pas particulièrement brillante. Depuis le début de l’année, l’action affiche l’une des moins bonnes performances de l’indice suisse des valeurs vedettes, ce qui incite à se demander pourquoi le PDG mérite de figurer dans le quintette des dirigeants les mieux payés au monde.
Un autre facteur qui pourrait marquer un changement de cap est l’évolution de la gouvernance d’entreprise. La Suisse est l’un des derniers pays hautement industrialisés où les actionnaires n’exercent aucun droit en matière de rémunération. En s’engageant, sous la pression, à étudier dans les prochains mois la procédure de consultation des actionnaires, le président de Credit Suisse fait un pas dans la bonne direction.
Article paru dans “La Liberté” du 1er mai 2010