BNS, euro et franc: l’exemple danois


Au Danemark, les interventions de la Banque nationale sur le marché des devises relèvent du quotidien.

PAR DANIEL LAMPART

À la fin des va­can­ces d’été, le franc a re­com­mencé à s’apprécier par ra­pport à l’euro. L’es­poir de voir le franc conti­nuer à pr­e­n­dre la dire­ction d’une va­leur plus équi­ta­ble sem­ble s’être brisé. Le problème est que, plus lon­gtemps le franc reste fort par ra­pport à l’euro, plus les empl­ois sont menacés. Les en­tre­pr­i­ses in­dus­tri­el­les vont alors en­vi­sa­ger une délo­ca­li­sa­tion de leur  pr­o­duction dans des pays moins chers et il fa­u­dra­it ra­t­ionna­li­ser aussi dans la bra­n­che du touri­sme.

La Ba­nque na­tio­nale suisse (BNS) doit comba­t­tre ces effe­ts néga­tifs du franc fort. Tel est son ma­n­dat. D’au­tant plus si le renchéri­s­sement re­cule comme au­jourd’hui, no­tamment à cause de l’apprécia­tion du franc.

Les inter­ventions sur le cours du change peu­vent sem­bler inhabi­tuel­les aux yeux de certains ob­ser­va­teurs. Or, c’est une acti­vité quo­ti­dienne pour les ba­nques cen­tra­les étrangères. Le Da­nema­rk, par exemple, a lié sa couro­nne à l’euro. La Ba­nque na­tio­nale de ce pays a ainsi pour tâche de veiller en perma­nence à ce que la couro­nne ne s’apprécie pas ou ne se déprécie pas par ra­pport à l’euro. Elle doit ache­t­er tous les euros qui lui sont pr­o­p­osés. Ce qui a une in­ci­dence sur son bilan. En octo­bre 2008 par exemple, elle a dû se ba­t­tre con­tre une déprécia­tion de la couro­nne et a engagé en­viron un cinquième de ses réser­ves en de­vi­ses à cet effet. De­puis lors, les réser­ves en mo­n­naies étrangères ont ce­pen­dant augmenté. Elles représentent désorma­is plus du tri­ple du ni­veau d’octo­bre 2008. De ce fait, elles se si­tuent à peu dans le même ordre de gra­n­deur que cel­les de la BNS dont les réser­ves de de­vi­ses ont pr­e­sque qua­dru­plé. Ces de­vi­ses sont placées et ra­pportent donc des intérêts.

Ce qui, au Da­nema­rk, est la norme en po­li­tique monétaire ne va pas de soi en Suisse. Outre le fait que les inter­ventions sur le marché des de­vi­ses est plutôt rare en po­li­tique monétaire suisse, il y a lieu de pen­ser que les gra­n­des ba­nques ont aussi intérêt à faire apparaître la BNS sous un ma­u­vais jour en cri­t­iquant l’exten­sion de son bilan. Fi­na­lement, la dire­ction générale de la BNS s’est engagée pour des régu­la­tions plus sévères des gra­n­des ba­nques…

L’auteur est économiste en chef de l’USS. Article paru sur www.uss.ch, trad. fq

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Un commentaire à “BNS, euro et franc: l’exemple danois”

  1. Artémis 21 août 2010 at 08:44 #

    enfin un éclairage concis et pragmatique, qui permet de comprendre ce que la plupart des articles de presse nous répète avec des phrases longues et standardisées qui ne nous disent rien. Merci!

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