PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Cleveland et Bienne même combat? Dans le film de Jean-Stéphane Bron “Cleveland contre Wall Street”, une scène interpelle les spectateurs dès les premières minutes. On y voit un shérif, taser au poignet, chasser manu militari les occupants d’une maison. Appelé à la barre au cours du procès fictif intenté à Wall Street, ce policier, aujourd’hui employé d’un commissariat, fait part de son remords et de sa compassion en évoquant l’expulsion d’une veuve très âgée, incapable de payer ses dernières échéances. A ses yeux, les banques ont abusé du fameux «american dream».
Comment ne pas faire de rapprochement avec l’actualité en Suisse? La sympathie obtenue dans la rue et sur internet par le forcené de la capitale du Seeland dérange les milieux politiques. Mais on aurait tort de la sous-estimer car elle reflète un certain malaise face à l’intransigeance et à la sécheresse du pouvoir quand un bastion économique tel que la construction se voit égratigné. Le respect de la loi n’empêche pas le souci de la dignité d’autrui.
La Suisse n’est pas l’Amérique et la meurtrière titrisation des hypothèques n’y a pas droit de cité, du moins officiellement. Mais la Suisse n’est pas à l’abri d’un krach immobilier. Des drames comme celui qu’ont vécu des dizaines de milliers de familles aux Etats-Unis pendent au nez des municipalités qui ont favorisé la construction de lotissements sur leur territoire. Certaines banques pourraient se retrouver à nouveau dans l’oeil du cyclone et aggraver l’irritation du contribuable, déjà bien chauffé par le plan de sauvetage d’UBS.
Commentaire paru dans La Liberté du 15.09.2010