Qui se souvient encore de la catastrophe du Haven ? Le 11 avril 1991, le superpétrolier éponyme coule au large de Gênes. Cinq marins trouvent la mort dans une explosion. 140 mille tonnes de pétrole brut s’écoulent dans la mer, provoquant une pollution sans précédent en Méditerranée. Près de 20 ans plus tard, les conséquences pour la santé de population sont toujours visibles.
Dans son édition du 31 octobre 2010, « La Repubblica » reprend les conclusions d’une enquête menée par le journaliste de la RAI Sigfrido Ranucci, diffusée le même soir dans l’émission “Report”. 50.000 tonnes de pétrole gisent toujours au fond de l’eau. Les pêcheurs ramassent des poissons malades qui se retrouvent sur les étals après avoir été débarrassés du goudron collé sur leurs écailles. Pourtant l’Italie a reçu des millions au titre d’indemnisation et des experts ont sondé les profondeurs de la mer.
Le pire, redoute Ranucci, est encore à venir : des sociétés boîtes aux lettres entendent forer le fond de la Méditerranée pour y extraire de l’or noir. Sans se préoccuper de savoir si les plates-formes se trouvent en zone sismique ou pas.
Reportage effrayant, très bien documenté. On a pu suivre des pêcheurs lors de leur sortie quotidienne cet été, qui ramènent dans leurs filets plus de pétrole, mais aussi de plastique et autres déchets que de poissons. De ce magma grisâtre, ils retirent à mains nues des crevettes roses et autres poissons qu’ils nettoient à l’aide d’eau glacée.
Le pétrole et autres déchets sont rejetés à la mer…. absurde comme le relève le journaliste: en 20 ans les pêcheurs auraient pu nettoyer le fond s’ils avaient rapporté à chaque fois les éléments repêchés. Mais ils ne savent pas à qui les remettre.
Au terme de ce reportage j’ai eu l’impression d’avoir eu accès à un excellent travail de journalisme. Fait bien rare, surtout sur une chaîne italienne.