PAR MATTEO ZOLA
Les ministres des Affaires étrangères de l’Ue ont accepté le 25 octobre 2010 la requête d’adhésion à l’Union européenne de la Serbie, demande qui pourra désormais être évaluée par la Commission. Cependant ils ont soumis les prochaines étapes des pourparlers à une appréciation “unanime” du Conseil sur la pleine coopération de Belgrade avec le Tribunal pénal international (Tpi), afin de parvenir à l’arrestation de Ratko Mladic et Goran Hadzic, les deux criminels de guerre encore fugitifs. Ces limites étaient voulues surtout par les Pays-Bas, qui accusent depuis toujours la Serbie de collaborer de manière insatisfaisante avec les magistrats de la Haye.
La Serbie pourrait obtenir le statut de candidat déjà l’année prochaine, alors que la complète adhésion pourrait survenir en 2016. Toutefois, ceci dépendra de l’arrestation des deux fugitifs. Dans le compromis final des 27, on affirme que « la pleine collaboration avec le Tpi est une condition essentielle pour l’adhésion à l’Ue » et que les arrestations de Mladic et Hadzic seront « la preuve la plus convaincante des efforts de la Serbie et de sa coopération avec le Tribunal ».
Le résultat positif a été sans doute obtenu grâce au rapprochement serbe avec le Kosovo, illustré par la résolution Onu du 10 septembre 2010. La Serbie a agi alors en étroite collaboration avec l’Union. La résolution, présentée par Belgrade et votée par l’Assemblée générale des Nations Unies, constituait une reconnaissance serbe de facto de l’existence d’un Etat kosovar et ouvrait un dialogue avec Pristina. Même si la Serbie paraît avoir subi la question du Kosovo, pas totalement résolue, en échange de cet avis favorable à son adhésion à l’Ue.
« C’est une date historique pour la Serbie » – affirme Jasmina Tesanovic dans « EaST Journal ». Jasmina, écrivante et activiste, journaliste pour B92 et « La Stampa », a toujours été la conscience critique du pays balkanique. « Après la déposition de Milosevic, le boucher des Balkans, les choses ont pris un mauvais cours. Un nouveau nationalisme est né, à ne pas confondre avec le nationalisme de la rhétorique communiste de Milosevic. Un nationalisme basé sur les valeurs traditionnelles de l’Eglise orthodoxe, dont les prêtres étaient profondément impliqués dans les crimes de guerre de serbes bosniens, accusés de nettoyage ethnique. Ce nouveau nationalisme est diffusé par le parti fort des radicaux, autrefois alliés de Milosevic, il flatte l’orgueil serbe face aux diversités ethniques et religieuses, au nom d’une pureté séculaire née dans le sud du pays, dans la province du Kosovo à majorité albanienne autoproclamée indépendante il y a deux ans ».
Le parcours serbe vers l’Europe est hérissé de difficultés et il y aura encore plusieurs défis pour Belgrade. Mais finalement les Balkans sont plus proches. « Il s’agit d’une décision sage, conclut Jasmina Tesanovic, parce que la Serbie est située au milieu de l’Europe. Il est plus facile de faire en sorte que la Serbie devienne partie de l’Europe que le contraire».
Article repris de EaST Journal
Traduction: Daniela Piazzalunga