PAR DANIEL LAMPART
Sous l’angle de l’emploi, l’évolution enregistrée en Allemagne est surprenante. Même si le produit intérieur brut, le PIB, est toujours inférieur à son niveau d’avant-crise, le chômage régresse et se situe désormais à un niveau que l’Allemagne n’avait plus connu depuis le début des années 1990.
Le gouvernement allemand impute cela aux réformes réalisées sur le marché de l’emploi, en particulier au démantèlement de la protection des travailleurs et travailleuses. Et les sociaux-démocrates du SPD entonnent le même refrain, soulignant que cette évolution est à mettre au crédit du gouvernement Schröder…
Mais si l’on regarde les statistiques, on voit que les principales causes de l’évolution actuelles sont sans doute autres. Contrairement à la Suisse, la population active de l’Allemagne a fortement diminué ces derniers temps, passant de 44,55 millions de personnes (2005) à presque 44,1 millions (fin 2010). Soit presque 500 000 personnes de moins en 5 ans environ, ce qui représente 1 %. S’y ajoutent des effets statistiques selon lesquels certains chômeurs et chômeuses occupés dans des programmes spéciaux ne sont plus enregistrés comme personnes au chômage.
L’hymne à la détérioration de la protection des salarié(e)s et à une pression accentuée sur les chômeurs et chômeuses qui amélioreraient la situation relève du marketing politique. En vérité, le chômage diminue en premier lieu à cause des facteurs simples que sont une meilleure conjoncture et un recul de la population active.
L’auteur est économiste en chef à l’USS. Article tiré de son blog sur www.uss.ch