Le ministre délégué aux affaires européennes, Laurent Wauquiez (photo: Corentin Léotard/Hulala), estime que la France n’a pas à intervenir sur la question de la réforme des médias en Hongrie, rapporte Jean Quatremer, sur son blog d’actualité européenne.
PAR CORENTIN LEOTARD
« [Paris] refuse d’aller dans le mur en donnant des leçons à la Hongrie », a déclaré le jeune ministre, expliquant cette position par le fait qu’elle serait contre-productive et risquerait de « braquer les gens ». Depuis son adoption le 21 décembre, on attendait une réaction officielle de la France sur cette loi qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2011 à minuit et dont les syndicats de journalistes hongrois et internationaux considèrent qu’elle porte atteinte à la liberté de la presse. Maintenant on sait, la France s’est rangée aux côtés des muets qui préfèrent ne pas se fâcher avec la très prochaine présidente de l’Union Européenne. M. Wauquiez, qui admet néanmoins que le texte de loi « dont je ne dis pas qu’il ne pose pas des problèmes » se veut optimiste et croit savoir que le gouvernement hongrois serait « prêt à faire des adaptations ».
Viktor Orban en pleine confiance à domicile
Le premier ministre hongrois a pourtant clairement exclu l’éventualité de faire machine-arrière. Encouragé par la mollesse des réactions suscitées au niveau européen, il a déclaré le jour même de Noël sur la chaîne privée Hir TV que « Rien n’est plus éloigné de nos intentions que de modifier la loi sur les médias. […] Nous n’allons pas avoir peur de quelques critiques, ou de nombreuses critiques venant de l’Europe de l’Ouest ou de plus loin encore, et modifier les lois, car cela serait caractéristique d’un pays qui souffre de manque de confiance en soi : nous ne sommes pas ce pays« , a-t-il prévenu.
Pour le gouvernement hongrois, ce n’est pas de l’intérieur non plus que vient la menace. Sa loi y est passée comme une lettre à la poste. Bien sûr la profession s’est indignée via des communiqués de la part des syndicats de journalistes hongrois et quelques grands hebdomadaires ont publié page blanche en signe de protestation, mais c’est tout. En dehors d’une élite de gauche déchue de son pouvoir et de quelques étudiants, jamais l’opinion publique ne s’est émue de cette « reculade sociale » et encore moins mobilisée. Les manifestations organisées n’ont jamais atteint le millier de mécontents. Dans ces conditions, il est difficile d’imaginer que le premier ministre Orban se laisse attendrir par quelques jérémiades européennes, lui qui considère avoir été porté au pouvoir par une « révolution des urnes » et qui se sent investit d’une mission historique, et lui qui a tellement de comptes à régler avec ses anciens adversaires dans son pays.
Article paru sur le site hu-lala.org
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