Le «Matin Dimanche» du 6 février 2011 demande à Alexandre Adler de déchiffrer «l’agitation» révolutionnaire du Moyen-Orient. Comme si le basculement historique que vit toute la région se résumait à un simple état de fébrilité. Et d’abord qui est Alexandre Adler? Un éditorialiste né en 1950, actif depuis 2002 au «Figaro» et à France Culture, nous apprend l’hebdomadaire. Pratique, les journaux «people». Ils nous confient des tas de choses sur les personnes qui forment leur réseau BCBG. Mais ce que nous dit pas l’encadré, c’est ce que l’on trouve aussi sur le dictionnaire en ligne Wikipedia. Proche du très mondialiste Groupe de Bilderberg, Adler a soutenu George Bush et la guerre en Irak.
Adler prédit une dictature intégriste au Caire. Il agite la menace des Frères musulmans pour appeler l’armée égyptienne à étouffer dans l’œuf la révolution de la jeunesse égyptienne. Lisez: «l’actuelle situation d’anarchie crée une demande militaire. Les Frères musulmans se disent prêts à collaborer avec l’armée. Et, pour les autres, elle constitue un bouclier. Aujourd’hui, dans les salons cairotes de Zamalek, on ne déborde pas d’enthousiasme devant l’invasion des rues par le peuple. Au fond, tout le monde serait d’accord pour que l’armée remette de l’ordre dans le pays en permettant une espèce de voie moyenne: plus de nationalisme, mais dans le respect des engagements internationaux; plus de liberté, mais sans renoncer à la force de l’Etat».
Alexandre Adler aime se définir comme un spécialiste de la géopolitique internationale contemporaine. Mais il n’a manifestement pas mis les pieds sur la place Al Tahrir où se joue aujourd’hui l’avenir de l’Egypte. Il semble ignorer que les salons cairotes ne sont plus à Zamalek mais bien à Maadi ou à Heliopolis. La classe moyenne de Zamalek, devenue pauvre, est bien sur la place Al Tahrir, justement, pour demander le départ d’Hosni Moubarak. Il faut avoir vécu en direct cette effervescence pour se rendre compte que ceux qui campent dans la rue depuis 13 jours, réclamant liberté et démocratie, ne veulent plus de l’un des régimes les plus répressifs du monde arabe. La thèse de la menace islamiste, l’intégrisme, les Frères musulmans, l’instabilité dans la région ne sont pas des thèmes porteurs sur la place Al Tahrir.
Excellent article sur Alexandre Adler. Il peut dire tout, mais aussi le contraire de tout, de façon brillante, et de préférence au café de Flore à Paris. C’est surtout la solution de facilité pour les journalistes. Il suffit de brancher le micro et de laisser Alexandre Adler parler. Au bout de 30 minutes, vous avez votre interview. Peu importe qu’Alexandre Adler n’ait sans doute jamais mis les pieds dans un quartier populaire du Caire. Et qu’il n’ait jamais parlé avec un Frère musulman. Savez-vous que ce brillant intellectuel a débuté sa carrière au parti communiste français? Amen.
Faut-il encore acheter le Matin Dimanche pour lire l’édito le plus idiot depuis le déclenchement de la révolution des jeunes? Pourquoi la presse suisse est si misérable, si faible, si ignorante? Pourquoi le plus grand tirage de la presse romande ne peut pas fournir une info, des editos et une analyse qui tiennent la route? Pourquoi ce désastre?
Et il fait partie de ces « élites » qui peuvent tout dire sans se faire rentrer dans la cadre!
Allez savoir pourquoi ?
J’ai lu l’éditorial de Dayer…. Elle ferait mieux d’aller vendre des oranges…