Cette semaine, la violence est de retour dans le pays. Soit quelques jours après que la Sécurité d’État, l’un des fondements du régime Moubarak, ait été sérieusement malmenée par les manifestants. Curieuse coïncidence. Mais c’est le seul langage de ceux qui sentant la fin venir, se débattent pour garder la tête hors de l’eau. La violence, c’est leur savoir-faire, ils n’ont aucun autre argument. D’ailleurs sans eux, c’est le chaos. Personne n’est plus dupe, mais c’est le message qui doit passer.
La stratégie a commencé dans le gouvernorat de Helwan, connu pour ses cimenteries, au sud du Caire. Une église a été incendiée pour une romance entre un copte et une musulmane. Illégal, sauf si le jeune se convertit à l’islam. Cela arrive, mais c’est extrêmement rare. Mardi, les salafistes sont entrés dans le jeu, avec une manifestation devant le Conseil d’Etat (Photo) pour réclamer “Camélia”, cette copte convertie à l’islam il y a quelques mois afin de divorcer et depuis disparue au fond d’un monastère, estiment-ils. Ces manifestants, quelques centaines, ont ensuite pris la direction de la place Tahrir où les femmes manifestaient à l’occasion de la journée du 8 mars, pour une meilleure représentation dans les discussions en cours sur les amendements constitutionnels. En milieu d’après- midi, des hordes de nervis sont arrivées pour disperser le rassemblement. A la tombée de la nuit, les affrontements se sont étendus sur la colline de Moqattam dont une partie est occupée par les chiffonniers, en majorité coptes, qui protestaient contre la mise à feu d’un de leurs lieux de culte. En tout 13 personnes ont trouvé la mort et 140 ont été blessées à l’issue des heurts entre chrétiens et musulmans.
Mercredi, la place Tahrir était encore occupée pour obtenir le procès de l’ancien président Moubarak, la fin de l’état d’urgence, la libération des personnes arrêtées par les militaires et la dissolution de la Sécurité d’Etat. Mais c’était compter sans la pluie de cocktails Molotov et de caillasses des “Baltaguis”, ces hommes du régime renversé, apparus soudainement sur les toits et rues avoisinantes. La place Tahrir est redevenue un champ de bataille… Avant que l’armée ne décrète le début du couvre-feu à 21 heures, au lieu de minuit.
Pour calmer l’extrême tension de la population, des appels à débats sont lancés par sms. Ils étaient organisés mercredi soir 9 mars dans différentes églises du Caire et rassemblaient diverses personnalités des deux confessions. Ces violences frontales ne sont que le fait de manipulations, elles ne se sont jamais manifestées au cours d’autres périodes difficiles traversées par l’Égypte. Le message doit être clair et compris, pour que l’on ne tombe pas dans le piège.
Article paru sur le site “Tremblements d’Egypte”