Développement durable et presse gratuite, les deux discours de Migros

Migros tient-il deux discours? Le géant de la distribution, l’un des trois plus grands annonceurs de Suisse, professe tous azimuts son amour pour le développement durable mais en même temps favorise, dans sa campagne publicitaire, une catégorie de journaux, les gratuits, réputés nuisibles, voire dangereux pour l’environnement.

 

La production des journaux gratuits est en effet très coûteuse en termes d’utilisation de papier, même recyclé. En outre, elle est un casse-tête pour les municipalités et les transports publics, qui doivent ramasser les journaux qui traînent.Ce que l’on appelle le «littering» a un coût pour les villes et communes suisses, estimé, tous produits confondus, à 150 millions de francs par l’Office fédéral de l’environnement.

La politique publicitaire de Migros interpelle d’autant plus que le développement durable fait partie des grands principes trompettés par le groupe. Dans les lignes directrices publiées sur internet, Migros déclare vouloir «être la référence en termes d’engagement culturel, social et écologique».
Or le 3 mars, Migros semblait contredire ces beaux engagements en confirmant l’information selon laquelle le groupe s’apprêtait à supprimer une grande partie de ses pubs dans les journaux locaux, privilégiant désormais, en Suisse romande, «Le Matin», «20 minutes» et leur site internet.
Quand on lui fait remarquer cette inadéquation entre le message officiel et la pratique, le géant orange dégage en corner. «Nous devons tenir compte de l’intérêt d’une grande partie des lecteurs pour les nouveaux médias, par exemple leur utilisation croissante d’internet. Cela n’empêche pas les supports régionaux de demeurer des vecteurs de communication essentiels pour Migros», argumente la porte-parole de Migros, Monika Weibel.

Mais qu’en pense Paola Ghillani, «Madame Commerce équitable» au conseil d’administration de Migros? L’ancienne animatrice de la fondation Max Havelaar a rejoint le saint des saints du distributeur en 2008. Compte-t-elle dès lors intervenir au conseil d’administration? «C’est très volontiers que je le mentionnerai, soit dans un conseil d’administration, soit aux responsables opérationnels», répond la Gruérienne.

Article paru dans « La Liberté » du 22 mars 2011

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