Les bouts de chandelle d’UBS

«Un développement imposé.» En substance, c’est en ces termes que le porte-parole d’UBS, Jean-Raphaël Fontannaz, commente l’article paru dans «Le Temps» du 22 mars 2011 à propos d’une taxe sur les comptes en Suisse de clients domiciliés à l’étranger.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Mais en prévoyant plusieurs exceptions, la banque aux trois clés déclare vouloir épargner toute une série de clients établis à l’étranger. Elle semble donc tirer la leçon de la levée de boucliers qui avait suivi l’introduction d’une mesure pour les clients frontaliers prise par son concurrent Credit Suisse en juillet 2010. Les associations de frontaliers avaient hurlé au crime, une indignation somme toute très relative au vu des commentaires qui avaient suivi sur les blogs des journaux. Beaucoup de lecteurs estimaient de toute évidence qu’il y avait des drames autrement plus graves dans le monde.

La solution d’UBS exclut les frontaliers qui ont une entrée de salaire d’au moins 500 francs par mois. Elle épargne aussi les comptes dont le solde est supérieur à 50 000 francs. Credit Suisse, lui, avait placé la barre beaucoup plus haut: 1 million. Enfin, le montant de la taxe s’élève à 30 fr. contre 40 chez le concurrent.

UBS invoque la nécessité de couvrir les coûts dès lors que la gestion des comptes des clients domiciliés à l’étranger est devenue beaucoup plus complexe. «Le surcroît de travail rend cette gestion toujours plus onéreuse», argumente Jean-Raphaël Fontannaz.

Reste qu’en touchant une fois de plus aux toutes petites fortunes,UBS ne court-elle pas le risque d’accentuer le sentiment, très diffus depuis une douzaine d’années, qu’elle néglige la clientèle de proximité au profit du grand capital international? «La crise des «subprime» et les dizaines de milliards perdus dans l’aventure n’ont pas découragé définitivement UBS de s’intéresser au marché américain», observe un vieux briscard de la place financière genevoise. Lequel ajoute, un brin perfide: «D’un côté, on jette 50 milliards par la fenêtre et de l’autre, on économise sur des bouts de chandelle. Conceptuellement, c’est odieux.»

Un autre risque, pour UBS, est de subir le départ de petits clients, dégoûtés par tant de parcimonie. La Banque Cantonale de Genève, pour ne citer qu’elle, assure n’entretenir aucun dessein de la même nature. Un effet de vases communicants, aboutissant au transfert des comptes plus ou moins dormants d’une banque à l’autre, serait donc dans l’ordre des choses. «La Suisse devient le pays des faux choix; cela me fait de plus en plus penser à une économie planifiée à la soviétique», provoque tel initié.

«Il est complètement faux de voir dans cette mesure un quelconque rejet d’une clientèle de proximité ou de petits épargnants. Les comptes dont les titulaires résident à l’étranger réclament un travail supplémentaire conséquent qu’il est logique de facturer au bénéficiaire», insiste M. Fontannaz.

Article paru dans “La Liberté” du 23 mars 2011

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