Vers un nouveau clash entre la Hongrie et l’UE ?

La nouvelle Constitution n’a pas encore été signée par le président Pal Schmitt et les institutions européennes n’ont pas encore reçu la traduction de sa version finale, les journalistes étrangers encore moins. Mais déjà les critiques commencent à tomber, venant de l’ONU et de l’Allemagne. On risque donc bien d’assister à un remake de ce début d’année avec la loi sur les médias : le gouvernement hongrois va jouer l’indignation, va crier à l’ingérence dans les affaires d’un peuple qui peut enfin relever la tête, et jouer l’incompréhension (personne d’autre que les Hongrois eux-mêmes – et encore pas tous – n’étant capable de comprendre ce pays, c’est bien connu).

Le secrétaire général de l’ONU ouvre le bal…

En visite à Budapest le week-end dernier, le secrétaire général des Nations-Unies a été le premier à dégainer contre le gouvernement hongrois et sa Constitution. Après un rapide – mais obligé – passage de pommade sur le rôle de la Hongrie dans la chute du communisme, Ban Ki Moon est revenu sur l’affaire de la loi sur les médias : “J’espère que le Gouvernement hongrois continuera à promouvoir la liberté et à faire respecter les principes démocratiques fondamentaux. La liberté d’expression fait partie de ces principes de base”. En des termes étonnamment peu diplomatiques et même très violents dans la bouche d’un diplomate de ce rang, Ban Ki Moon s’est dit “conscient qu’il ya eu certaines préoccupations soulevées parmi les voisins européens de la Hongrie et partout dans le monde et qu’il y a des préoccupations similaires au sujet de certaines dispositions de la nouvelle Constitution de la Hongrie. La volonté du gouvernement de demander conseils et recommandations sur certaines de ces questions à d’autres en Hongrie ainsi qu’au Conseil de l’Europe et à l’Organisation des Nations Unies serait la bienvenue“.

…suivi par l’Allemagne

Le même jour, le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères allemand, Werner Hoyer, a déclaré : “Nous suivons les développements en Hongrie avec un grand intérêt et une préoccupation croissante. Le début de l’année a été témoin de la loi sur les médias … qui est difficile à concilier avec les valeurs de l’Union européenne. Notre préoccupation a été encore aggravée après l’adoption de la nouvelle constitution hongroise.

Comme de bien entendu et selon un processus bien huilé, son homologue hongrois Zsolt Németh, a opté pour l’indignation en guise de réponse à Werner Hoyer. “Les observations du ministère des Affaires étrangères allemand sont incompréhensibles et inacceptables d’autant plus que les dirigeants allemands, y compris le Secrétaire Hoyer, ont reçu des informations détaillées sur le processus constitutionnel.

Plus symptomatiques encore de l’état d’esprit des dirigeants hongrois, le premier ministre Viktor Orban a délivré le message suivant via son porte-parole Péter Szíjjártó : “Pendant des décennies, la Hongrie a dû supporter les gens des autres capitales qui veulent nous dire quoi faire ou ce que nous pouvons faire. Ils nous ont aussi dit ce qu’il faut inclure dans la Constitution hongroise. Ces temps sont révolus.

Il ne faut pas s’attendre pour autant à ce que Viktor Orban s’émeuve réellement de ces critiques. Il y est habitué. Il avait déjà effectué son premier mandat 1998-2002 en se passant de la sympathie des dirigeants européens et américains. L’affaire des médias au début de l’année l’a certainement conduit à renoncer totalement à séduire à l’étranger, si toutefois il en a jamais eu l’envie. De toute façon, il ne peut ignorer que sa politique de « renaissance » de la nation hongroise dans son entièreté (minorités hongroises incluses), fondée sur un passé magnifié mais exclusif pour un certain nombre de personnes en Hongrie qui plus est, ne peut trouver l’assentiment des autres États européens.

Article paru dans Hulala

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