Bien qu’il n’y ait aucun risque d’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de relever ses taux d’intérêt.
PAR DANIEL LAMPART
L’inflation dans la zone euro est, pour une grande part, la conséquence de la hausse des prix du pétrole – leur contribution à l’inflation ayant été de 1,3 point de pour cent en mars dernier – et des mesures publiques d’austérité – hausse des prix de services publics et TVA. Le chômage reste très élevé. Les salaires n’augmentent guère, ou beaucoup moins que la productivité. La zone euro continue à être plongée dans une profonde récession. Dans de telles conditions, aucune inflation ne peut apparaître. Car il n’y a d’inflation que si les entreprises peuvent relever leurs prix. Ce qui est tout sauf le cas durant une récession.
Selon des rapports récemment publiés sur internet, de nombreux économistes s’attendent manifestement aussi à une hausse des taux d’intérêt de la Banque nationale suisse (BNS). Si celle-ci agissait ainsi, elle commettrait également une erreur, comme la BCE. En Suisse aussi, il n’y a pas de risque d’inflation. Abstraction faite des prix du pétrole, les prix à la consommation ont augmenté de 0,5 % en mars 2011 par rapport à l’année dernière. Mais ce 0,5 % est presque exclusivement la conséquence d’une distorsion statistique. L’Office fédéral de la statistique (OFS) a collecté pour la première fois en mars 2011 les prix du groupe habillement sur une base mensuelle. Auparavant, cela ne se faisait que par trimestre (en commençant toujours en janvier). Cela signifie que les prix de l’actuelle collection printemps sont comparés avec les prix soldés de l’hiver dernier. Cette distorsion a fait augmenter de près de 15 % dans la statistique des prix les prix de mars du groupe « habillement ». Cela, pour une part du panier de la ménagère d’un peu plus de 4 %. Par conséquent, l’inflation de mars apparaît d’environ 0,5 point de pour cent trop élevée. Et s’y ajoute la hausse de 0,4 point de pour cent de la TVA au début de l’année. Sans ces facteurs spéciaux, l’inflation serait même négative.
Ce n’est pas étonnant, car le franc fort exerce une pression sur les prix. Et, s’il reste important, le chômage freine une éventuelle hausse des salaires. Si la BNS relevait ses taux, elle renforcerait ces facteurs. Cela rendrait encore plus faible une inflation aujourd’hui déjà inexistante.
L’auteur est économiste en chef de l’USS. Article paru sur son blog.