L’année 2011 poursuit sa folle odyssée sur le même tempo qu’elle l’avait commencée. Mais où s’arrêtera la course à l’invraisemblable? Tout et son contraire a déjà été dit sur l’affaire DSK. On a diabolisé l’homme avant de parler de complot. Aujourd’hui, c’est la deuxième thèse qui semble l’emporter dans ce nouveau rebondissement qui voit Dominique Strauss-Kahn quasiment blanchi et son accusatrice discréditée.
L’effondrement de la crédibilité de la victime fait que les spéculations se focalisent à nouveau sur le destin présidentiel de l’intéressé. Ce dernier a-t-il des chances de battre Sarkozy? Et, d’abord, fera-t-il acte de candidature? La politique politicienne accapare les médias qui évacuent curieusement de leurs analyses le seul aspect vraiment vérifiable de toute l’intrigue : le cataclysme provoqué au sein du bailleur de fonds de la planète, le FMI autrefois dirigé par M. Strauss-Kahn.
A qui profite le crime? Il n’aura pas fallu plus de trois jours après l’arrestation de DSK pour que ce dernier cède son poste à la tête du FMI. Et il aura fallu moins de cinquante jours pour lui trouver un successeur. Christine Lagarde est française, comme lui, mais la comparaison s’arrête là. L’élue est un produit sarkozien, une personnalité vouée au culte de l’Amérique et de son roi dollar. En février dernier, DSK avait provoqué un froid en contestant la primauté du billet vert dans les échanges internationaux, allant jusqu’à proposer un panier de monnaies incluant le yuan chinois. Les Etats-Unis ont mis leur veto, ignorant superbement le projet. On pensait que les choses allaient en rester là. Il n’en fut rien.
La chute de DSK a-t-elle été la punition? D’autres éléments géopolitiques ont-ils joué un rôle? L’avenir en apportera peut-être un jour la confirmation. Dans l’immédiat une constatation s’impose: pour garder le fin mot dans le grand ordonnancement des choses, les Etats-Unis disposent encore de moyens redoutables et pernicieux.
Commentaire paru dans « La Liberté » du 2 juillet 2011