Une fois n’est pas forcément coutume, les jours se suivent et se ressemblent pour les grandes banques suisses.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Après UBS, c’est au tour de Credit Suisse d’annoncer des résultats très décevants et de douloureuses mesures d’économie sur le plan des effectifs.
Ils le sont d’autant plus que l’établissement au logo ailé nous avait habitués à des performances d’un autre type au cours d’un passé récent. Alors que la banque aux trois clés s’enlisait dans le marais de l’immobilier américain, Credit Suisse jouait au franc-tireur, engrangeant succès sur succès sur le terrain du courtage face à ses concurrents.
A trop se frotter au soleil, la banque zurichoise s’est-elle brûlée les ailes ? Plus rien n’est comme avant depuis que certains de ses gestionnaires ont été inculpés aux Etats-Unis pour complicité de fraude fiscale. Changement de tableau, du coup, c’est UBS qui fait le doux cœur à défaut de chanter victoire. On voit mal en effet le premier groupe bancaire helvétique emboucher la trompette alors qu’il n’a pas encore annoncé officiellement le nombre de ses employés – plusieurs milliers, selon toute vraisemblance – qui feront les frais de l’adaptation au nouvel environnement mondial.
Le secteur bancaire suisse serait-il surdimensionné ? A l’ordre du jour dans les années nonante, la question revient sur le devant de la scène, portée par la problématique relative au secret bancaire. Attaqué sur plusieurs fronts, ce dernier est moribond, il ne sert à rien de le cacher. Dans le fond, la crise monétaire actuelle, qui place le franc sur un piédestal et isole la Suisse, rend service aux dirigeants des banques qui n’ont pas le courage d’appeler un chat un chat. L’Association suisse des employés de banque, qui appelle sur son site le personnel de Credit Suisse à se rebeller, invoquant la défense de la place financière suisse, est plus cohérente à sa manière.
Article paru dans « La Liberté » du 29 juillet 2011