De la nature à la musique, entre passion et mélancolie


Une oasis de verdure, de coquettes maisons de bois brûlé par le soleil, des jardinets amoureusement entretenus, une vallée écrin où s’épanouissent en grappes villages et hameaux encore préservés de la folie citadine. 
Ce décor existe: la vallée de Binn commence à Fiesch. La route s’y déroule, direction Ernen. Le visiteur chanceux qui la prend ne peut qu’apprécier la qualité de l’air, la pureté de la lumière. Pour peu qu’il tende l’oreille, il entendra le bruissement de la rivière, le chant des oiseaux.

Quelques notes de musique? Le rendez-vous est annuel. Il inaugure l’été. Depuis 38 ans. Au départ, un homme, le pianiste et pédagogue hongrois György Sebok. En villégiature à Ernen. Encouragé bientôt par les notables de l’endroit à se produire en concert. Si rapidement conquis par le charme envoûtant du site qu’il y organise bientôt des master class de piano. Le Musikdorf Ernen est né. 
Une alchimie de rêve entre les organisateurs, les habitants du village, les touristes et les artistes. D’académies d’été en concerts, la manifestation s’étoffe petit à petit pour devenir, 38 ans plus tard, le Musikdorf Ernen Festival. Organisé, sous la houlette de son actuel directeur, Francesco Walter, en trois volets. A tout Seigneur, tout honneur, c’est le piano qui ouvre le bal. Tout au long d’une semaine, qui, dès l’origine de la manifestation, lui a été entièrement dédiée, elle précède la plus jeune mais non moins désormais incontournable «semaine du baroque», programmée de main de maître par Mme Ada Pesch, premier violon de l’Orchestre de l’Opéra de Zürich. D’abord élève des Master Class, puis se retrouvant, quelques étés de travail plus tard, membre du comité de direction du Festival. Oeuvrant à redonner ses lettres de noblesse à quelque œuvre tombée dans l’oubli ou autre partition se morfondant dans des archives, elle est la bonne fée du baroque à Ernen.

Enfin, le festival s’achève avec l’été en résonnant des accents du futur. Entendez par là que les organisateurs ont fait le pari de la jeunesse, misant sur les musiciens de demain. A fréquenter les écoles de musique et les nombreux concours organisés de par le monde, ils en ramènent des talents prometteurs, vite séduits par le lieu et les accents du Festival der Zukunft. Cerise sur le gâteau – parmi de nombreux autres fruits délicieux – les artistes se produisent à l’Eglise du Village. Cet édifice baroque, pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes, est dédié à St-Georges et abrite les reliques de Saint-Valentin.

Difficile d’imaginer, au cœur de cette vallée qui regorge de petites chapelles, un lieu plus propice à l’interprétation d’œuvres couvrant un répertoire allant de Purcell à Piazzolla, en passant par Schubert et Janacek. En 1999, dans le petit village à l’atmosphère envoûtante, Gyorgy Sebok s’en est allé rejoindre ses maîtres Bartok et Enesco. Il peut reposer tranquille: le chœur des anges – et toute l’équipe des organisateurs – veillent sur la qualité et la pérennité du festival. 
L’édition 2011 n’est pas encore terminée. S’il vous reste des vacances, un week-end, ou même juste une soirée, prenez la voiture, le train (il existe des correspondances après les concerts), et filez à Ernen. Vous ne le regretterez pas!

Article paru dans “Valais-Mag“. Photo: Marie Noele Guex/Ernen Musikdorf

 

 

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