La communauté internationale n’a actuellement aucune solution pour le Kosovo, que les récentes tensions dans le nord du pays ont ramené sur le devant de l’actualité internationale. Dans une interview (Swissinfo, 05/08/2011), l’historien et journaliste zurichois Andreas Ernst rappelle les divisions de la communauté internationale sur le sujet : « A l’intérieur de l’Union européenne, 22 pays reconnaissent le Kosovo et 5 s’y refusent. Il n’y a donc pas de position commune. Et comme les pays de l’OTAN n’ont pas non plus tous reconnu le Kosovo, cette division vaut également pour l’alliance militaire, qui fournit le plus gros de troupes de la KFOR sur place ».
Conseil de sécurité de l’ONU divisé
On retrouve les mêmes clivages au sein de l’ONU. Au Conseil de sécurité, la Chine et la Russie sont opposées à l’indépendance du Kosovo (autoproclamée en février 2008). Au sein de l’assemblée générale, seuls 75 pays sur les 192 pays membres ont jusqu’ici reconnu l’indépendance du Kosovo.
Echange de territoires
La solution de la question du Kosovo devant passer par une reconnaissance réciproque de Belgrade et Pristina, celle-ci pourrait être favorisée, soutient Andreas Ernst, par un échange de territoire. « L’extrémité nord irait à la Serbie – ou resterait à la Serbie, selon la perspective dans laquelle on se place et deux ou trois village frontière au sud de la Serbie seraient rattachés au Kosovo. » Quitte, par ce précédent, à encourager ou renforcer le morcellement ethnique des Balkans ? « Personnellement, je trouve cette crainte exagérée. Avec l’indépendance du Kosovo, qui est peuplé à plus de 90% d’Albanais, on a déjà créé un morcellement ethnique. Le «péché originel» est déjà là. »
Le Kosovo perdu pour la Serbie
Quant à l’acceptation, par l’opinion publique serbe, de la perte définitive du Kosovo, elle serait presque envisageable à terme : «A Belgrade, tous les gens sensés savent que le Kosovo est perdu. En entier. Il s’agit maintenant d’atteindre un compromis qui permette de ne pas perdre la face. Il pourrait comprendre l’échange de l’extrémité nord, ce qui soulagerait Pristina d’un gros problème d’intégration.»
Article paru sur Europe-Asia