Blessée à un doigt et observant un début d’infection, elle se trouva fort marrie en constatant qu’elle n’avait plus sa lotion préférée à la maison. Elle s’en alla dare-dare à la pharmacie du coin et demanda un peu de solution Dakin. La vendeuse lui tendit un flacon d’un demi-litre prêt à l’emploi. Réaction de notre estropiée : « non, non, le petit de deux décilitres suffit tout à fait, je dilue moi-même l’antiseptique dans l’eau». L’apothicairesse se drapa dans une vertu nourrie aux mamelles des directives de la Santé nationale. «Madame, ce genre de pratique n’est plus réglementaire, sécurité oblige». La cliente commença à monter dans les tours : «Sécurité, sécurité, elle a bon dos, la sécurité. Cela signifie donc que je devrai payer trois fois plus cher un produit dont je n’utiliserai qu’une petite partie et qui finira aux déchets spéciaux si je ne m’amoche pas d’ici à la date de péremption, en 2013 ! ». La dame en blanc garda un silence éloquent. Contre le vol institutionnalisé il n’y avait pas de désinfectant. ChC
Plage de vie parue dans « La Liberté » du 17 août 2011